« Je pense que tout le monde se ressemble. On veut tous une vie qui ait un certain but. Et un jour tu te retournes, et tu te rends compte que tu as trouvé ce qui rend ta vie spéciale. Tu as des amis qui te font sourire. Des amis qui t'aiment et qui peuvent te faire oublier tes souffrances par leur simple présence. Parce que l'amitié est peut-être encore le seul sentiment pur qui puisse exister. »

Déjà deux semaines que ma vie était devenue semblable à un enfer. Cela avait commencé par mon stupide plan que j’avais mis en œuvre pour séparer mon ancienne amie, Judith et son petit ami : Adam. J’avais finalement atteint mon but, mais je ne ressentais pas cette jouissance que j’avais pourtant espérer éprouver. Puis, il y avait eu ce stupide malentendu, comme quoi, Judith et moi avions couché ensemble, alors que je n’avais fait que la consoler – j’avoue, que nous avons faillis nous embrasser, mais heureusement, Judith avait réagit à temps et était partie aussi vite qu’elle était venue. Ensuite, Dolce et moi nous étions disputés, et depuis elle faisait tout pour m’éviter, comment faire pardonner auprès de celle que j’aime ? Aucune idée.
Mais ce qui avait vraiment fait de ma vie un enfer, ce fut ce diagnostique. J’avais repris le baseball pour mon plus grand plaisir ! Mais, à peine cinq minutes après le début de l’entrainement, j’eus un vertige, et je commençai à faire de l’hyperventilation. J’avais senti mon cœur tambouriné dans ma poitrine, commençant à me faire extrêmement mal. Si j’aurais eut le choix, j’aurais préféré mourir sur place.
Je fus finalement conduit à l’hôpital, où l’on m’apprit que j’étais atteint d’une maladie génétique appelé myocardie dilatée ou cœur sabot. Le cœur grossit d'un seul côté et lorsque la maladie se déclare, elle conduit inévitablement à la mort. Et c’est ce jour-là, que j’appris que ma maladie se déclara. J’étais désormais obligé de me faire suivre par un cardiologue tout les six mois, car même si mon cœur avait commencé à grossir, je ne risquais pas de mourir à tout moment. Les médecins s’étaient interrogés sur l’origine de ma maladie, et ma mère m’appris que ma grand-mère maternelle avait été atteinte par cette maladie, mais qu’elle avait put vivre normalement jusqu’à soixante-quinze ans, quand à ma mère, elle était elle-même atteinte de cette maladie, mais avait échappé de peu à la maladie, grâce à la transplantation cardiaque, qui serait mon unique recours pour continuer de vivre, si jamais ma maladie s’aggravait.
J’étais désormais privé de sport, je ne devais pas faire le moindre effort, au risque de m’évanouir. Je pouvais tout de même sortir en boite et continuer de vivre comme tous les jeunes de mon âge, mais je n’avais pas cette envie. Je ne sortais d’ailleurs plus de ma chambre –sauf pour aller en cours bien entendu. Daphné et Kim’ n’étaient au courant, ni aucun de mes amis. Je n’avais pas envie que l’on me plaigne, j’avais juste envie d’être comme tout le monde, mais à chaque fois que je montais les escaliers de l’université, ma maladie se rappelait à moi, puisque j’étais essoufflé au bout d’une dizaine de marches.

Je sortais du cours de mathématiques, qui était autrefois l’un de mes préférés, et où je n’hésitais pas à participer, mais depuis l’annonce de ma maladie et des différents évènements, je m’étais renfermé sur moi-même. Parfois, le professeur m’interrogeait, mais je répondais une c*nnerie pour qu’il me foute la paix, ce qui fonctionnait très bien. Je sentais parfois les regards des autres élèves sur moi, mais je n’en n’avais rien à faire, préférant me replonger dans mon cahier, et faire semblant d’écouter le cours.
A la sortie du cours, je croisai différents de mes amis, qui me demandaient pourquoi je ne vais plus au baseball, mais je les envoyais bouler. Puis dans la masse des élèves, je remarquai des boucles brunes, que je m’amusais à embêter quelques semaines auparavant, mais elle avait cessé tout contact, depuis cette fameuse nuit. Je parlais bien entendu de Judith. Je repensais parfois à ce qui avait faillit arriver, nous aurions put faire souffrir les personnes que nous aimions le plus tout deux, mais ce soir-là, j’avais vraiment eut envie de l’embrasser. Mais comme dit plus haut, elle avait réagit à temps, avant de partir presque en courant.
Je m’approchai alors de Judith qui se trouvait toujours dos à moi. Je ne savais pas ce que j’allais lui dire, mais je n’avais qu’une envie : lui parler. J’avais envie que nous retrouvions notre amitié d’antan, mais avec ce que j’avais fait, j’avais peu à peu perdu espoir. Mais sait-on jamais ? Je tapotai alors sur son épaule, elle se retourna alors vers moi, et je prononçai quelques mots indistincts : « Euh… Salut… Tu euh… Tu m’en veux pour ce qu’il s’est passé… Tu sais ? L’autre soir… »

« Je pense que tout le monde se ressemble. On veut tous une vie qui ait un certain but. Et un jour tu te retournes, et tu te rends compte que tu as trouvé ce qui rend ta vie spéciale. Tu as des amis qui te font sourire. Des amis qui t'aiment et qui peuvent te faire oublier tes souffrances par leur simple présence. Parce que l'amitié est peut-être encore le seul sentiment pur qui puisse exister. »

« Aaron ! Je... Écoute... Tu n'étais pas tout seul à... Je pense qu'on en avait tous les deux envie. Mais ça ne s'est pas produit et c'est peut-être mieux comme ça. »

Je n’étais pas surpris par la réponse de Judith, après tout, si elle n’avait pas réagit à la dernière seconde, ils auraient probablement regretté ce geste par la suite. Ce geste aurait put nous faire perdre définitivement ceux que nous aimions – du moins, si ce n’était pas encore fait. Avec du recul, je me demandais ce qui m’avait pris de vouloir embrasser Judith. Certes, je l’avais toujours trouvé belle, elle était un peu le genre de fille que j’avais toujours apprécié, mais jamais je me serais imaginer faillir l’embrasser. C’était tout bonnement inconcevable, nous n’étions qu’amis –du moins, si l’on peut encore utiliser ce terme-, et il ne se passerait jamais rien de plus.

« Oui… C’est sûrement mieux comme ça… » Dis-je d’un ton neutre, en haussant les épaules.

« Tu m'en veux d'avoir... ? J'veux dire... Je suis désolée d'être partie comme ça mais... Il y avait trop de questions dans ma tête et... Je n'ai pas put y faire face. »

Judith devait sans doute avoir remarqué mon changement de comportement –comme presque toute l’université en fait-, mais n’ayant pas parlé de mon « petit » problème de santé à personne – sauf à mes parents, cela va de soit-, on pouvait donc aisément interpréter mon nouvel état d’esprit. Certains pouvaient se demander si c’était à cause de cette stupide histoire avec le Blondinet et Judith ? D’autres, si cela était en rapport avec ma dispute avec Dolce, ou bien si c’était le fait d’avoir « couché » avec Judith –oui, tout le monde pensait désormais que Judith était moi étions vraiment passé à l’acte-, m’avait chamboulé ? Si seulement ils savaient… Ils tomberaient des nues en apprenant que ma « dépression » n’était pas dû à ces histoires –du moins, ce n’en était qu’une infime partie-, mais bien dû à une toute autre chose.

« Non, non, ne t’inquiètes pas… Puis, je pense que tu as bien réagi, nous allions faire une connerie, de toute façon… Bon… Je vais te laisser, je dois aller euh… à mon casier… » Dis-je très peu convaincu par mes dernières paroles. J’avais tout simplement envie de fuir, avant que Judith, ne se mette à s’interroger sur les causes de mon changement de comportement.

Je lui adressai alors un faible sourire, avant de tourner les talons et de partir en direction des escaliers. A peine ai-je commencé à descendre ces stupides escaliers, que je recommençai à faire de l’hyperventilation. Les personnes présentent dans les escaliers me regardèrent avec étonnement. C’est sûr que d’être essoufflé au bout de quatre marches descendus avait de quoi rendre interloqué. Je ne bougeai de ma quatrième marche, plié en deux pour tenter de respirer. Les étudiants avaient recommencé leur route, sans se soucier de moi. J’allais devoir passer près de cinq minutes avant de reprendre mon souffle. Mais pourquoi n’avais-je pas pris l’ascenseur ? Je me le demandais encore…

« Je pense que tout le monde se ressemble. On veut tous une vie qui ait un certain but. Et un jour tu te retournes, et tu te rends compte que tu as trouvé ce qui rend ta vie spéciale. Tu as des amis qui te font sourire. Des amis qui t'aiment et qui peuvent te faire oublier tes souffrances par leur simple présence. Parce que l'amitié est peut-être encore le seul sentiment pur qui puisse exister. »

J’étais toujours plié en deux, lorsque je sentis une main se poser sur mon épaule. Je ne levais pas la tête pour voir qui se souciait un tant soit peu de moi, préférant me focaliser sur ma respiration. Je me forçais à inspirer par le nez et à expirer par la bouche, ce que tout bon professeur de sport conseillerait à son élève essoufflé.
Je finis par réussir à reprendre peu à peu le contrôle de ma respiration, je vis alors que la personne qui avait posé sa main sur mon épaule n’était autre que Judith – qui d’autre cela aurait-il put être ?

« Aaron ! Viens par-là... »

Je ne me rendis même pas compte que Judith m’avait conduit dans une salle adjacente, je savais juste que j’étais désormais seul à seul avec mon ex-meilleure amie et qu’elle avait fermé la porte derrière elle. J’avais désormais retrouvé un rythme pulmonaire normal, et je regardais Judith, qui n’avait pas l’air de comprendre ce qui m’arrivait. Qui le pourrait d’ailleurs ? On ne penserait pas tout de suite que j’étais atteint d’une maladie cardiaque, bien d’autres hypothèses viendraient à l’esprit des gens, avant de s’interroger sur mon état de santé.

« Aaron... Est-ce que tout va bien ? »

Je regardais alors Judith dans les yeux, son regard me semblait rassurant, et je pouvais sentir qu’elle s’inquiétait réellement pour moi. Mais devrai-je lui dire tout simplement la vérité, ou bien continuer de lui mentir, en sachant qu’elle ne croirait pas un traître mot de ce que je dirais ? Ou bien, lui dirai-je tout simplement de me foutre la paix ? Cela pourrait être une bonne solution après tout, je n’aurais pas besoin de répondre à sa question, et je serais de nouveau seul dans mon « monde », là où tout allait pour le mieux, et où je pouvais vivre ma vie tranquillement sans que l’on me demande à longueur de journée si ça allait –oui, car tout le monde ces deux dernières semaines m’avait demandé au moins une fois si j’allais bien.

« Judith… Ne t’inquiètes pas pour moi, tu veux ? Je vais très bien, c’est juste que je suis un peu fatigué ces temps-ci, à cause de… Enfin, je vais très bien, et je n’ai besoin de personne… » Ma réplique sonner faux ? Bien sûr que non ! Enfin juste un peu…

Je voyais bien au regard de mon ex-amie, qu’elle ne croyait pas un seul mot de ma phrase, mis à part le fait que j’étais fatigué –ce qui se voyait à mes cernes. Elle n’eut même pas à répondre, que je repris cette fois d’un ton neutre et en la regardant le moins possible :

« D’accord, je te mens, mais je n’ai aucune envie que tu t’inquiètes pour moi. Pour te répondre, non, rien ne va bien. Et je ne te dirais rien de plus, même sous la torture… » Je disais cela, mais je savais bien que si Judith insistait juste un peu, j’allais céder et ainsi lui avouer pour ma maladie, mais encore fallait-il qu’elle réussisse à convaincre la tête de mule que je suis…

« Je pense que tout le monde se ressemble. On veut tous une vie qui ait un certain but. Et un jour tu te retournes, et tu te rends compte que tu as trouvé ce qui rend ta vie spéciale. Tu as des amis qui te font sourire. Des amis qui t'aiment et qui peuvent te faire oublier tes souffrances par leur simple présence. Parce que l'amitié est peut-être encore le seul sentiment pur qui puisse exister. »

Judith s'était rapproché de moi, et lorsque mon regard avait croisé le sien, j'avais tout fait pour détourner les yeux, ce qui n'échappait pas à mon ex-amie. J'avais beau tout faire pour nier que j'allais mal, très mal, cela ne pouvait échapper aux autres, et encore moins à Judith, l'une des personnes qui me connaissaient si bien, quelques années auparavant. J'étais d'ailleurs loin de ressembler à cet Aaron, et encore moins à celui qui avait vécu ces dernières années à l'université. Autant physiquement que mentalement.
En effet, je m'étais laissé pousser la barbe, et couper les cheveux, ce qui faisait que je ressemblais plus à un hérisson, qu'au mec sexy que j'avais été quelques semaines plus tôt. Côté vestimentaire, je ne prenais plus du tout soin de mon apparence, ce qui n'avait pas échapper aux différentes personnes. Mentalement, j'étais désormais loin du BETA fêtard que j'avais toujours été, je passais toutes mes soirées seul dans chambre, durant les cours et à la cantine, je me tenais toujours à l'écart, n'adressant la parole à personne, et surtout, je ne laissais plus mes sentiments faire surface. En clair, je n'étais plus Aaron Dawson, mais plutôt l'ombre de moi-même.

« Aaron... S'il te plaît. Tu ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter pour toi. Je suis ton amie... Tu sais très bien ce qui peut exister entre nous. Tu peux me faire confiance. Je suis sûre que je peux t'aider... Ou au moins te conseiller un minimum... Si tu ne veux vraiment pas m'en parler, ne le fais pas. Mais ça peut peut-être te faire du bien. Aaron... Tu n'es pas seul. »

Je me mordis la lèvre inférieur, pour m'empêcher de pleurer, car oui, j'avais les larmes aux yeux. J'avais tellement envie de me laisser aller, mais mon père m'avait toujours appris à contrôler mes sentiments, et surtout à ne pas montrer mes faiblesses devant qui que ce soit.
Judith posa alors sa main sur la mienne. Je ne la repoussai pas, ce contact me réconfortant un tant soit peu. Mais je ne répondis tout même pas à Judith, je ne pouvais pas, non, je ne devais pas...

« Je serais toujours là pour toi... la preuve. T'as beau avoir fait les plus belle conneries nous concernant, je suis là à m'inquiéter pour toi. Que tu le veuilles ou non d'ailleurs... »

J'osais alors, pour la première fois, regarder Judith dans les yeux. Elle pouvait sûrement voir la lutte que je menais en moi. Je ne détournai pas le regard, mais je pris la main que Judith avait posé sur la mienne, puis je serrai quelque peu sa main, avant trouver le courage d'avouer ce qui n'allait pas dans ma vie...

« Je... Et bien... Il y a deux semaines, tu sais, j'ai repris l'entraînement de baseball... Mais, à la fin de l'échauffement, j'ai fais de l'hyperventilation, et j'avais l'impression que mon coeur allait exploser... J'ai passé plusieurs heures aux urgences, avant que l'on m'annonce, que je suis atteint de... De la myocardie dilaté, une maladie génétique, qui conduit inévitablement vers la mort... Le seul remède est donc une transplantation de coeur... En clair, je peux mourir à n'importe quel instant, et le moindre effort peut m'être fatal...» Dis-je d'une voix mal assurée, avec quelques interruption de ma part, pour reprendre mon souffle.

Je lâchais alors la main de Judith, je détournai le regard puis j'attendis la réaction de Judith. Elle allait probablement me dire que ce n'était pas la fin du monde, que j'allais pouvoir continuer de vivre malgré tout. Mais elle ne devait pas s'imaginer à quel point cela m'était difficile de vivre...

« Je pense que tout le monde se ressemble. On veut tous une vie qui ait un certain but. Et un jour tu te retournes, et tu te rends compte que tu as trouvé ce qui rend ta vie spéciale. Tu as des amis qui te font sourire. Des amis qui t'aiment et qui peuvent te faire oublier tes souffrances par leur simple présence. Parce que l'amitié est peut-être encore le seul sentiment pur qui puisse exister. »

J'avais finalement trouver le courage de dire à quelqu'un ce qui rendait ma vie un enfer depuis quelques semaines. Bien sûr, mes parents étaient au courant, et le fait que ma mère soit passer par-là, mais qu'elle soit toujours parmi-nous devrait me donner espoir, mais un jour ou l'autre, lorsque le moment fatidique arrivera, qui me dis qu'un coeur sera réellement disponible pour moi? Personne. Mais, savoir que ma famille était là pour moi, était tout de même réconfortant pour moi, même si je ne les avais pas vu depuis le jour de l'incident. Mais, que Judith, l'une des personnes qui avaient été la plus proche de moi, quelques années auparavant, me consolais tout de même. Je savais que, Judith ferait en sorte que je retrouve le sourire, du moins je l'espérais.

« Oh ! Aaron ! »

Suite à mon mini-monologue j'eus du mal à respirer, mais je ne repoussai pas pour autant Judith. J'avais besoin de cette étreinte, c'était tout de même le premier contact physique que j'avais depuis ces trois longues semaines, et j'avoue que cet enlacement me réconfortais un peu plus.
Nous restâmes un instant ainsi, Judith avait posé sa tête sur mon épaule, quand à moi, j'avais passé mes mains dans le dos de la brunette, la serrant un peu plus contre moi.

« Je suis tellement nulle... J'aurais dû m'en rendre compte... Te parler plus tôt... Tu dois te sentir si mal... tu as dû te sentir si... seul. Je suis désolée Aaron. Promets-moi que tu arriveras à être heureux un jour... à nouveau. S'il te plaît... »

« Judith... Je ne peux pas te promettre quelque chose qui n'arrivera pas... Mais je vais tout de même essayer de... d'être "heureux"... » Dis-je d'une voix faible. Non, je n'étais pas pessimiste, mais pour moi, cette maladie était la fin du monde, de mon monde. Je n'allais pas pouvoir faire le métier auquel j'avais toujours aspiré, j'allais d'ailleurs devoir choisir une nouvelle filière, ou bien, quitter l'université, mon choix n'étant pas encore arrêter. Néanmoins, je n'avais aucun espoir de redevenir heureux à nouveau.

Je sentis que Judith souhaitait se reculer, je laissai alors retomber mes bras le long de mon corps. Judith avait un sourire forcé, mais qui semblait néanmoins sincère, ce qui m'incita à afficher un léger sourire sur mon visage, chose qui n'était pas arriver depuis trois semaines.

« De toute manière t'as pas le choix... J'y veillerais. Et ça commencera par raser cette barbe ! Tu piques c'est horrible ! »

« Ma barbe? Qu'est-ce qu'elle a? Sérieusement, elle pique?! » Dis-je tout de même étonné. Je ne m'attendais pas à ce que Judith m'incite à me raser, surtout que je n'avais aucune envie de me séparer de mon look de hérisson, qui me permettait de me fondre dans "la masse".

Judith m'adressa un nouveau sourire, que je lui rendis, c'était toujours un petit sourire, mais c'était déjà ça, non?

« Tu dois prendre des vacances... Je veux dire... Profite des vacances de Noël pour te changer les idées. Je suis sûre qu'on va trouver un moyen de te faire penser à autre chose ! »

« Prendre des vacances? Plutôt ... j'allais dire mourir, mais le mot n'est peut être pas très adapté. » Dis-je ironiquement, avant de reprendre: « Sérieusement, je préfèrerais rester seul durant les fêtes de fin d'année. Franchement, je suis bien mieux dans mon "monde", loin de tous... »

« Essaye... C'est tout ce que je te demande. Tu as le droit au bonheur ! Je t'interdis d'en douter ! Tu dois vivre ta vie à fond Aaron. Aujourd'hui plus que jamais. Je sais... Non... Je ne sais pas, mais je suppose que c'est difficile. Affreux ! Mais tu ne dois pas te laisser abattre. Ça va faire très "film à l'eau de rose" mais tu as encore tellement de chose à vivre, tellement de sourires à donner Aaron... »
»

Judith me demandait d'essayer d'être heureux à nouveau. Mais, comment le pourrais-je? Celle que j'aimais, ne souhaitait plus m'adresser la parole - il fallait dire que je lui avais offert le plus beau des râteaux-, j'avais fichu en l'air le couple de Judith - et je ne comprenais toujours pas pourquoi elle souhaitait tant m'aider-, je ne pourrais pas accéder au métier que j'avais toujours voulu faire - je pourrais, certes, continuer de jouer au baseball, mais beaucoup moins intensément que j'avais l'habitude de le faire. Il n'y avait peut être, qu'une seule chose qui aurait put me ravir : le fait que, ma mère, ayant elle-même contractée la maladie, avait subit une transplantation cardiaque, et qu'elle vivait désormais, presque normalement. Mais, encore fallait-il que l'on me trouve un coeur, et que par la suite, mon corps ne le rejette pas...

« Le droit au bonheur? Tu le penses vraiment? Car, ces trois dernières semaines, j'aurais plutôt pensé que j'avais plus le droit au malheur... Et vivre quoi? Je ne peux plus rien faire ! Je n'ai qu'à faire un pas pour ressentir la fatigue ! Tu sais pas ce que c'est, toi, de te dire que peut être, demain, tu ne seras peut être plus de ce monde ! Alors, excuse-moi, si je ne veux même pas essayer d'être "heureux". » Dis-je d'un ton plus froid que je ne l'aurais voulu. Je n'avais rien contre Judith, qui tentait d'ailleurs, tant bien que mal de me redonner cette p*tain envie de vivre, mais depuis ces trois dernières semaines, elle était la seule personne - au campus, du moins-, avec laquelle je pouvais dire ce que je pensais, chose qui me manquais.
Je réalisai tout de même que j'avais assez mal réagis, je repris alors d'un ton beaucoup plus calme, en regardant mon amie dans les yeux : « Je... Excuse-moi... Je sais que, tu n'y es pour rien... »


« Non seulement elle pique, mais en plus c'est une horreur ! Sérieusement... c'est pas ton style. Du tout. Je t'ai presque pas reconnu... heureusement que la voix m'a semblé familière ! »

Le fait que, Judith, évoque autre chose que ma maladie, ou comment je me sentais - chose que tout le monde m'a demandé ces derniers temps-, me faisais tout de même du bien. C'est sûr que je ne faisais plus attention à mon apparence, en ce moment. A vrai dire, je n'avais envie de plaire à personne, même pas à moi-même, et je n'avais aucune envie de redevenir l'Aaron que tout le monde avait connu, du moins, pas celui qui avait décidé de mettre un stupide plan en action pour faire voler en éclat l'un des couples phare de l'université.

« Très bien, alors, je me débarrasserais de cette... "chose". Mais pas maintenant... » Dis-je en passant ma main dans ma barbe, commençant à me rendre compte qu'elle piquait réellement, et qu'elle me donnait vraiment l'air d'un... hérisson. « Et tu penses, que je devrais laisser repousser mes cheveux? Tu sais, comme lorsque l'on s'est rencontré? » Je demandai des conseils à Judith, car après tout, elle avait bien réussi à me faire réfléchir, sur cette stupide barbe qui envahissait de plus en plus mon visage.

« En effet... [...] Je te propose quelque chose. Tout le monde va rentrer chez soi pour fêter les fêtes de fin d'années. Je n'ai pas l'intention d'aller en Inde retrouver ma famille... De toute manière, je les verrais bientôt. Je te propose qu'on reste au campus. On passerait tout ce temps rien que tous les deux. Je t'attacherais chez un barbier pour qu'il t'arrange ça et je te promets qu'on s'amusera. Tu n'auras pas besoin de sortir ou de voir des gens que tu n'as pas envie de voir comme ça... Bon... À part moi bien sûr ! Alors ? C'est toi et moi contre la neige ? :D »

Je réfléchis quelques instants à sa proposition, après tout, j'avais prévu, soit de passer les fêtes de fin d'année dans ma chambre, soit en compagnie de ma mère, qui à la différence de Judith, aurait passé toutes ces journées à tenter de me convaincre que cette maladie n'était pas la fin du monde.

« Ne dis pas n'importe quoi... Tu es sûrement la seule personne que j'ai envie de voir en ce moment... Mais pour ce qui est du barbier, sache que j'ai tout ce qu'il me faut dans ma chambre, alors, tu repasseras un autre jour pour la torture ! » Dis-je en plaisantant pour la première fois en trois semaines. J'émis même ce qui ressemblait à un rire.

Je m'étais emporter sans aucune raison contre la seule dans l'université à savoir ce que je vivais depuis ces trois semaines, et également contre celle qui allait essayer de me faire remonter la pente. Je m'étais rapidement rendu compte de mon erreur et m'étais excusé, ce qui était tout de même la moindre des choses.
Lorsque j'eus fait mes excuses à Judith, cette dernière releva les yeux vers moi, elle approcha sa main de mon cou, tout en me regardant dans les yeux.

« C'est rien... Des fois t'es juste un peu crétin ! Mais bon... tu progresses. On t'aime pour ça. »

« Mouais... Tu veux dire que TU m'aimes pour ça, j'suis sûr, nan? » Demandai-je, en plaisantant à mon tour. Judith avait vraiment le don de me faire retrouver le sourire, ce qui me semblait être un exploit.

« Rassures-toi... Je n'avais pas l'intention de te kidnapper dans la seconde... ça peut attendre quelques jours... Non... Quelques heures tout au plus ! »

« Ah nan ! Pas quelques heures ! Laisse-moi deux, trois jours pour me préparer psychologiquement à la perte de cette partie de mon corps, sérieusement. Et surtout, je le ferais moi-même, je n'ai pas envie de me faire charcuter par toi, ou par n'importe qui d'autre ! » Dis-je insistant sur le "moi-même", car après tout, je ne faisais pas confiance à la capacité de Judith pour raser ma barbe, et encore moins à la capacité d'un "barbier".

Lorsque je commençai à demander conseil à Judith, celle-ci commença à sourire. Après tout, j'avais bien le droit de lui demander conseil, elle devait savoir quel genre de coupe me m'étais en valeur ou pas. Quoi que, j'aurais put en être tout à fait capable moi-même, mais il valait mieux demander conseil à une fille, non?

« Pourquoi pas ? J'aimais beaucoup. Tu dois t'en rappeler ! [...] Mais pas trop trop hein ?! Je n'aimerais pas te retrouver avec une nouvelle tendance "baba cool" ! Ce serait du gâchis... »

« Je m'en rappel très bien, surtout quand tu t'amusais à passer ta main dans mes cheveux . Ah non, pas de tendance "baba cool", c'est mort ! Déjà, que je regrette ma période "noix de coco", alors ne vient pas me parler d'une période "baba cool", nan mais oh ! » Dis-je en plaisantant, quoi que par rapport à ma période "noix de coco", c'est-à-dire que mes cheveux m'arrivait aux épaules, c'était horrible.
Judith rigola avant de passer ses mains dans mes cheveux, je repoussa son bras gentiment, puis je la regardai avec un pseudo-regard noir. « Ne retouche plus jamais à mes cheveux ! Sinon, crois-moi, tu subiras la colère d'Aaron Dawson ! » Dis-je avec une voix sèche, mais le sourire amusé qui apparut sur mes lèvres montrait que je n'étais pas du sérieux. Et puis, Judith n'aurait jamais peur de moi.

« Ne t'en fais pas pour moi... Je trouverais bien un autre moyen de te faire souffrir. Après tout, je suis la reine pour te taquiner n'est-ce pas ? [...] Tu ferais mieux de faire attention à ce que tu vas répondre parce que je suis extrêmement susceptible moi aussi ! »

« La reine pour me taquiner? Tu devrais dire plutôt la Déesse, car personne ne sait autant m'emmerder que toi. Et je m'en fiche de ta susceptibilité. » Dis-je en lui tirant la langue, et en passant à mon tour mes mains dans ses cheveux. « Oh, tu veux un massage de tes cheveux? Fallait me le demande plus tôt ! » Ajoutai-je en rigolant, avant d'ébouriffer les cheveux de la brunette, qui se retrouva alors avec les cheveux en pétard. L'espace d'une minute j'avais complètement oublié ma maladie, et j'étais redevenu comme avant, l'un des mecs le plus chiant que la Terre n'ait jamais porté.

Judith passa son bras dans le mien, avant de se diriger vers la porte de la salle. A cet instant, j'aurais aimé retourner dans ma chambre, mais il semblait que Judith avait d'autres plans pour nous deux.

« Alors on fait ça... Je suis sûr qu'on va s'amuser tu verras. Comme au bon vieux temps. [...] Ça te dit un café ? »

« Tu vas bien t'amuser à me torture, mais moi je vais souffrir, surtout. Un café? Ouais, seulement si tu payes. » Dis-je une nouvelle fois en plaisantant, quoi que j'étais sérieux tout compte fait.