Adam était rentré du Spring Break, la semaine de congé américaine et tout Great Academy était en ébullition. L'administration comptait augmentait les frais de scolarités, ainsi que les frais "papiers". Les inscriptions, changement de programme, tout cela allait coûter beaucoup plus cher. Si des élèves comme Adam pouvait se le permettre, d'autres ne pouvaient pas et les mouvements étudiants se penchaient sérieusement sur les moyens de pression à leurs disposition pour faire changer l'université.

Alors Adam, qui revenait tout bronzé, frais et dispo, devait faire face à une période aux enjeux importants à la tête du conseil étudiant de la fac. Loin de reculer face à un défi, il embrassait son rôle au contraire et ne comptait pas rester en retrait ou jouer un rôle de spectateur. Fidèle à lui-même, ambitieux, il visait rien de moins que de prendre la tête du mouvement étudiant. Seulement, le beau président avait perdu de la crédibilité depuis ses frasques, sa démotivation aussi. Et puis les gens se fatiguent vite des figures qu'ils connaissent déjà.

Un débat était organisé dans un des amphithéâtres de l'université. En public et devant tout le monde, les présidents allaient dire leurs points de vue sur toutes la question de l'augmentation des frais et sûrement qu'ils argumenteraient. Pour l'occasion, le jeune homme arborait une tenue, non pas de révolutionnaire, mais plutôt d'avocat pratiquement, à savoir le fidèle veston-cravate classique, qui lui scie bien quand même.

Spoiler:

Pas gêner de parler en public, il fut un des principaux débatteurs. D'ailleurs, il ouvrit le débat ainsi, parlant en troisième, après une introduction peu convaincante de son collègue en médecine et une introduction en la matière de la faculté d'administration, qui ne voyait aucun inconvénient à ses hausses. La présidente qui la dirige est la fille d'un sénateur américain, pouvait-on être surpris de la voir se soucier bien peu des problèmes d'argent?

-Adam Davis, président du conseil étudiant de la faculté de droit... Je crois qu'il y a plus en jeu ici que de banales hausses de tarifs, de papiers d'administration. Dans les cinq dernières années, les frais de scolarité ont augmenté de vingt-cinq pourcent à Great Academy. C'est la plus grande hausse enregistré dans toutes les universités de l'État, et même, de la côte est.

L'objectif de l'administration est clair. Transformer un lieu de savoir, accessible aux étudiants de tout milieu, en un endroit exclusif à une élite qui aura les moyens de payer, tout en drainant ceux qui y vont déjà. En faire une sorte de corporation de l'enseignement. Jusqu'ici, toutes les hausses non pas signifié pour autant une augmentation de la qualité de l'enseignement. Les professeurs réclament toujours de plus petits groupes et nous les étudiants, nous réclamons toujours plus de bourses accessibles, tant dans le domaine sportif que de l'étude. Aucune demande n'est écouté, mais en revanche, on nous annonce encore des augmentations.

Alors je vous le demande, consciencieusement, pouvons-nous continuer de tolérer une situation, où on nous prend, non pas comme des étudiants, des partenaires, des clients même, mais pour de simple travailleurs qui n'avons qu'à cracher notre argent, à sortir avec un diplôme. Je crois qu'on a assez toléré cette situation. Il est temps de constituer un front commun des conseils étudiants de toute la faculté, afin de négocier en force avec l'administration. De lancer un message clair à l'administration de cette université: Que les étudiants de Great Academy demande des comptes maintenant et que le temps où nous nous laissions marcher sur les pieds est terminé!

La déclaration d'Adam mit le feu au poudre, encouragea les uns, enragea les autres, qui voyaient son idée de front commun comme une aberration. Quand Adam suggéra de soumettre le tout aux votes des assemblées étudiantes, et non de ses simples présidents, la décision étant trop importante, il évoqua même un article de la charte des étudiants et là, il fut applaudi, le président qui argumentait se retrouvant bouché. Ils pouvaient donc en débattre ici autant qu'ils le voudraient, la décision n'était pas la leur, mais bien celle de tous les étudiants.

Impossible pour le beau blond de ne pas remarquer dans les premières rangées Judith, son ex petite amie. Il était au courant des dernières rumeurs, mais ne lui en parlait pas. Ça ne le concernait pas vraiment. Elle peut voir qui elle veut, comme elle veut et de la façon qu'elle le veut. Il ne voulait pas incarner l'ex qui tourne toujours autour pour émettre des avis ou des commentaires sur sa vie intime, ce ne serait pas correct. Alors on ne pouvait pas dire qu'il se fou de tout ça, il se tient au courant comme pour avec ses amies, mais il reste discret sur ses questions, ne disant jamais vraiment son avis, souhaitant simplement qu'elle soit heureuse. C'était tout se qui comptait. D'ailleurs, ça faisait trop longtemps qu'il ne s'était pas parlé pour la peine. Adam ne pouvait pas s'empêcher de lui jeter des regards pendant le débat, lui lançant parfois de petit sourire.

La séance de débats terminés, son équipe vient le voir, le félicite, ils repassent quelques points ensemble et Adam acquiesce et dit qu'ils pourront discuter de tout cela plus tard. Pour le moment, il était plutôt fatigué. Alors que fait-il pour se reposer, il va retrouver Judith parmi tous ses gens qui quittent la salle.

-Hey salut Judith.

Il lui fit un beau sourire et la regarda un peu.

-Je suis content de voir que tu t'intéresses toujours aux affaires étudiantes. Qu'est-ce que tu penses de tout ça toi?

Adam était content de voir Judith. Rester en mauvais terme avec elle l'aurait attristé. Presque deux ans de relation avec quelqu'un pour que tout se termine ainsi, il aurait trouvé ça triste. Heureusement, le pire avait été évité et ils avaient pu retrouver une bonne entente et une forme d'amitié après avoir mis quelques trucs au clair durant la fête étudiante de noël. Alors depuis, il la voyait comme une amie et essayait de la traiter comme toutes les autres, mais il y aura toujours une complicité supplémentaire entre eux, ainsi que les souvenirs de se qu'ils étaient.

C'est ainsi que dès qu'elle le voit, Judith lui sourit, visiblement heureuse de le voir et il l'était aussi. Il était aussi content de la voir ici et de sentir qu'elle s'intéressait encore à tout cela et qu'elle restait impliquée. Il eut un sourire amusé à se qu'elle dit, à savoir qu'elle aurait bien voulu en coller une aux autres. C'est certains qu'ils ont des opinions différentes de la sienne, dans certains cas. Flatté, un brin gêné de se faire dire qu'il était super, il se passa rapidement la main derrière la nuque, geste un brin nerveux dans son cas. N'importe quelle fille le complimente, il n'en fait aucun cas, mais quand ça vient de Judith, c'est autre chose.

-C'est vrai qu'on a des opinions divergentes, mais je crois pas que les assommer servirait notre cause. En tout cas, merci, j'ai fait se que j'ai pu.

Il ne faisait pas tout cela pour la gloire personnelle ou rien que pour jouer les beaux gosses devant des salles remplies. Il croit vraiment à se qu'elle dit et il ne prêche pas le front commun pour lui. Il achève ses études et ne manque pas d'argent. C'est pour le futur de Great Academy et pour ses étudiants qu'il le fait. Adam était-il un saint? Certainement pas, juste quelqu'un qui essaie de faire une différence, une bonne différence.

Elle lui accorde deux baisers sur la joue et il fait de même à son tour, lui faisant même une brève accolade. Après quoi, il lui demande son avis sur toute cette histoire et il écoute attentivement se qu'elle dit. Visiblement, elle était en accord avec lui. Il aura donc une bonne porte parole chez les Alphas.

-Le conseil d'administration lui espère que seul les présidents auront à voter. Tu as vu combien certains sont de leur côté. Je soupçonne que certains aient négocié des ententes avec l'administration, on ne sait jamais après tout, mais je suis certain que les étudiants vont comprendre les enjeux, réclamer le grand vote et là, les présidents de toutes les facultés n'auront pas d'autres choix que de faire voter les gens sur la question du front commun et de l'acceptation des hausses de tarifs.

Trêve de politique étudiante, il met ses mains dans ses poches et esquisse un sourire "coupable" quand elle lui dit qu'il a toujours la classe mais qu'il a dû prendre des vacances aussi et bien au chaud. Effectivement, il en avait bien profité.

-Ouais, j'ai passé une semaine en Floride pendant le Spring Break. C'était super, je me suis bien amusé. Ça fait du bien, le soleil, la plage... Et toi, qu'est-ce que tu as fait durant ta semaine de congé?

Judith lui dit que c'est vrai que frapper les gens n'est pas très bien, mais que cela lui aurait fait un bien fou. Liam eut un regard amusé, mais un brin sceptique aussi. Judith, frapper quelqu'un? C'était très peu probable et il la connaissait assez pour savoir qu'elle ne ferait pas de mal à une mouche, ou en tout cas, c'est ainsi qu'il la percevait. Après, elle a assez de caractère pour se défendre et se faire valoir, n'aller pas croire qu'elle a besoin d'être couvert, mais de l'entendre dire ça et le répéter même, en quelque sorte, ça l'amusait. Peu-être qu'elle avait de l'agressivité à faire passer?

-T'as des frustrations à passer sur quelqu'un?

Si c'est le cas, il préfère ne pas se porter volontaire, on ne sait pas se que ça pourrait réveiller. Ah non mais sérieusement, si elle a besoin de parler de quelque chose, il est là. Il n'irait pas par contre lui dire "hey, tu peux me parler" ou même, lui poser des questions indiscrètes. Il voulait rester prudent dans les rapports qu'ils avaient quand même. Les blessures avaient cicatrisé de part et d'autres, mais ça seraient peut-être de les déchirer de nouveau par une maladresse. Après quoi, il discute du sujet qui avait été au goût du jour au débat. Judith avait un avis assez élaboré et pensait comme son ex' petite ami, qui sait qu'elle ne pense pas comme lui rien que pour lui faire plaisir, mais bien parce que ce sont ses véritables convictions. S'il y avait des manifestations ou des moyens de pression fait sur l'administration et qu'il avait besoin d'aide, il sut qu'il pourrait peut-être compter sur Judith, sait-on jamais.

-Sinon hey bien... ce sera la guerre.

Il eut un sourire amusé, puis se mit à faire quelques pas avec elle, non pas pour sortir de l'auditorium, mais juste pour se promener un peu dans la grande salle et ne pas rester dans le chemin de ceux qui voulait sortir justement. Ils pouvaient donc continuer à discuter en toute tranquillité tout en continuant de marcher. Il lui demande donc comment ce sont passés ses vacances et elle lui raconte qu'elle avait vécu le truc habituel. Elle a sorti son premier single le 14 février et là, Adam arrête de marcher et se tourner vers elle. Elle avait donc réalisé une partie de son rêve! Il ne pouvait être que content pour elle.

-T'as sorti ton premier single? Woah, bah dis donc, c'est toute une nouvelle ça. Et puis, comment ça s'annonce? À quand la tournée internationale?

Il exagère peut-être un peu, mais il n'était pas moins content pour elle et puis, qui sait, il avait peut-être une future vedette devant lui. Cette pensée à elle seule le faisait sourire. Il voulait surtout savoir qu'elle était la suite maintenant. S'arrêterait-elle à se seul single? Il en doutait.

C’est certain que pour bien des gens, de voir Adam et Judith converser de tout et de rien comme de bons vieux amis étaient une énigme. Certaines filles diront sans doute que ce qu’il avait fait était et demeurera à jamais impardonnable, qu’on ne fait jamais ça à une fille qu’on aime, que c’est un geste franchement dégueulasse qui ne méritait pas moins qu’une bonne réprimande et que Judith devra l’envoyer aux oubliettes et l’exclure à jamais de sa vie. D’autres iront tout simplement dire, d’un ton plus modéré, que ce n’est pas sain de se tenir aussi près de quelqu’un dont a été si amoureux. De son côté, Adam avait vécu si longtemps en compagnie de Judith, comme point central et point d’ancrage de sa vie, qu’il ne s’imaginait tout simplement pas vivre et l’exclure complètement de la sienne. Il se souciait encore d’elle et voulait bien au moins être un spectateur dans la vie de Judith, la voir réussir, etc. D’un point de vue personnel, il trouve que cette amitié est une bonne chose, même si c’est certain qu’elle est différente de toutes les autres amitiés qu’il pourrait avoir, à cause de ce qu’ils ont vécu ensemble.

Non, Adam ne la tentera pas et il eut un sourire en coin. Judith agressive, c’est nouveau ça, mais il n’ira pas lui dire de se calmer. Si elle s’enrage, il l’enverra dans les bureaux de l’administration de Great Academy et elle fera le ménage. Un peu plus tard, elle lui dit que si jamais il a besoin d’aide, de conseil, il peut compter sur elle et il se retrouve bientôt à sourire de belles dents, l’air amusé, quand elle ajoute que si, lorsqu’elle se concentre, elle peut être une excellente stratège. Sans doute oui! Il ne voudrait pas lui demander trop de son temps quand même, mais s’il veut de ses conseils, il ne se gênera pas. Un petit café, ça ne coûte pas trop cher ni ne demande trop de temps après tout. Il répondit juste à ce qu’elle dit :

-Quand tu te concentres, tu es capable de tout!

Oh oui et vous n’avez pas idée. Après, il lui pose des questions sur elle, puisqu’ils voulaient prendre de ses nouvelles justement et non simplement parler de politique étudiante. Pas que le sujet ne l’intéresse pas, mais il n’y a pas que ça dans la vie et il sait que ce n’est pas non plus la préoccupation première de tout le monde. Pour tout vous dire, ce n’est même pas celle d’Adam, qui n’a pas moins la chose à cœur, mais il n’en fait pas le centre de sa vie. Petit train va loin… Judith avait réussi à percer un peu plus encore dans le pas de la musique. Des pas en avants, elle ne semblait pas prête de reculer non plus. Une bonne nouvelle donc et Adam se réjouit pour elle. Malheureusement, il n’avait pas eu la chance de l’entendre à la radio. Il faut dire qu’il écoute peu, voir pas du tout alors…

-J’imagine… C’est un peu comme si je me voyais passer à la télé… brr…

Il fit une sorte de frisson simulé, comme si l’idée l’horripilait. Pourtant, il ne doit pas être si désagréable que ça à regarder sur un écran de télévision, mais bon, ça ne lui ferait pas moins bizarre de se voir, surtout dans un débat comme celui-ci, où il a l’air « trop » sérieux, même à son goût. Ensuite, elle lui parle de l’avenir de l’entreprise dans laquelle elle s’est lancée. Finir l’album d’abord avant d’envisager les tournées, ce qu’il avait suggéré à la blague hein, mais ce n’était pas si loin quand on y pense. Peut-être un an et un peu plus.

-Je ne m’inquiète pas pour toi, tu y arriveras. Bientôt, tu vas être célèbre et moi, je vais être un petit stagiaire parmi tant d’autres dans un gros cabinet. Au moins, je pourrai dire, le soir en arrivant à la maison, après avoir ouvert la radio ou la télévision : « hey, cette fille, je la connais! »

Il fut plus surpris par contre de l’entendre qu’elle faisait du babysitting et il se gratta alors la joue avec un doigt. Elle est en manque d’argent ou bien c’est devenu une sorte de geste de bienfaisance? En tout cas, il ne se souvient pas que quand ils étaient ensemble, elle gardait des enfants. Peut-être que si remarquez, ça pourrait bien lui revenir en mémoire.

-Du babysitting? C’est pour arrondir tes fins de mois ou…?

Adam ne lui faisait pas une critique en disant que quand elle se concentrait, elle était capable de tout. C'était un compliment justement et elle le remercie pour celui-ci. Au passage, elle lui accorde un peu sourire, ce qui suscite chez lui aussi un sourire, mais plus modeste par contre et retenu aussi. Le beau blond pouvait sentir que comme toujours, on les observait un peu, mais bon, il ne se met pas à regarder qui le regarde et tout ça et continue de se concentrer sur Judith, mais il a cette impression simple qu'on l'observe et à laquelle il est maintenant habitué.

Adam était bien conscient d'être beau et tout ça, mais étrangement peut-être, le vedettariat et la célébrité, ça ne l'intéressait pas trop. C'est qu'au fond, il était un grand timide avec de l'ambition. En fait, quand on le connait bien, on sait qu'il est très réservé sur par exemple, sa propre personne. Il n'est pas du genre à se vanter, ni à parler beaucoup de lui. Par contre, il pose des questions sur les gens qui l'entourent et il est assez attentif comme garçon. Rien ne lui échappe et il n'a pas peur de ses idées et de les défendre s'il le faut, comme on a pu voir un peu plus tôt. Pourtant, quelqu'un arriverait, lui demanderait quel est son genre de fille et la personne aurait alors droit à un sourire niais et à un air gêné. Le paradoxe humain.

-M'ouais, hey bah à mon tour de te remercier!

C'est ce qu'il répond au compliment de Judith avec un sourire en coin. Elle lui a souvent dit qu'il était beau comme les mannequins et ça le faisait sourire. Il avait alors souvent le don de lui retourner le compliment et de lui dire qu'elle était belle et qu'elle fera une belle star un jour. Judith était une beauté naturelle t pure, Adam de son côté était plus forgé, avec l'athlétisme qu'il fait et tout ça. Autrement, il serait un petit maigrichon, ce qu'il a déjà été quand il était beaucoup plus jeune et ça, en général, ça plait mois aux filles. Par contre, les cheveux blonds, le regard bleu gris, ça ne rate pas. Judith part ensuite en plein délire avec son histoire de promotion, une main dans une poche, il la sort de celle-ci pour se gratter l'arrière de la tête et rigoler.

-Je tiens à tracer mon chemin moi-même. Sinon, j'irais dans la compagnie à mon père et là, j'en aurais des promotions.

Ensuite, il apprend que la chanteuse pop en devenir faisait du babysitting, non pas comme emploi à temps partiel comme il l'avait supposé, mais comme service qu'elle rend à une amie. Il la regardait dans les yeux et vit bien qu'elle feignait l'indignation. Il acquiesça alors, mais il faut reconnaître que ça l'étonnait encore un peu.

-Ok, ok... je me moque pas. Au fait euh...

Il se gratte rapidement au niveau de la tempe et ose une question plus personnelle.

-Du nouveau du côté de ta vie personnelle?

Adam eut un sourire quand elle lui dit qu'il était susceptible. Il avait la réponse toute prête à cette remarque, qu'on lui a déjà fait par le passé. Adam ne croit pas qu'il soit plus susceptible que d'autres, mais en revanche, il est fier et il défend sa personne. Si quelqu'un balance des conneries à son sujet, ou aux sujets de ses amis, il risque fort de se retrouver avec le beau blond sur le dos et qui va demander de rendre des comptes. D'ailleurs, il y en a un qui s'est défilé quand il est venu le moment de faire face et de s'expliquer. Celui que les rumeurs couronnent le nouveau prince charmant de Judith. Un lâche qu'Adam méprise, mais en tout cas, il ne se mêlera pas pour autant des histoires de cœur de Judith. Se tenir un brin au courant par contre, peut-être bien.

-Ce que tu appelles de la susceptibilité, j'appelle ça avoir de la fierté. Je veux pouvoir être fier de mes succès et pas me dire que je le dois à quelqu'un d'autre, même si c'est quelqu'un que j'apprécie. Je pense qu'on peut bien respecter ça et ne pas venir me traiter de susceptible. Après tout, s'il y a bien un peuple fier sur cette Terre, ce sont les Américains.

La main portée sur son bras aurait pu le déranger au lendemain de leur rupture, mais maintenant non. Ce n'était qu'un contact comme un autre, entre deux amis. Des baisers sur la joue, c'était déjà beaucoup plus compromettant. Adam finit par plonger dans le vif du sujet. S'ils sont amis, ou du moins, essaie de l'être le plus normalement possible, alors autant être au courant des histoires de cœur. Adam ne demande pas les détails et il ne poussera même pas jusqu'à demander qui était le nouvel élu de son cœur, même si des noms circulent. Il voulait juste savoir, c'est tout. Pour être honnête, il trouvait ça bien, ça veut dire qu'elle passe à autre chose et non qu'elle espère toujours une histoire avec lui.

Au début, elle disait oui, puis non, alors du coup, il a un peu de mal à suivre, mais comprend qu'elle est dans une situation plutôt ambigüe, ou bien elle est indécise vis-à-vis tout ça, un truc du genre. Quand elle dit ensuite «regardes nous, on dirait deux ados», il failli répondre «regardes toi plutôt, c'est à toi que ça pose problème!», mais il se retient. Peut-être que son regard parlait de lui-même par contre, parce qu'il avait abordé le sujet sans en faire un drame non plus. Il eut alors un peu plus de détails et c'était bien ce qu'il pensait, c'était flou, indécis encore. Elle lui retourne alors la question, mentionnant au passage que s'il savait qui elle fréquente, ça ne lui plairait pas, ce qui venait confirmer certaines rumeurs disons. Après, il comprend un peu plus pourquoi ça la gênait, parce qu'il se trouve que quand c'est son tour, il est un peu gêné. Rien qu'un peu... Le monsieur aux grands principes.

-J'ai pas à «apprécier» ton prochain petit ami. Je serai content pour toi peu importe avec qui tu sors. J'espère quand même que tu trouveras quelqu'un de bien par contre, pas un hypocrite...

Voilà, c'était dit, de façon détournée, mais c'était dit quand même. Qu'elle sorte avec qui elle veut, ça ne regarde qu'elle et elle n'a pas à avoir son approbation, mais c'est certain que selon lui, elle ferait mieux d'éviter un certain type de personnes, encore pire que lui, bien que jusqu'à un certain point, en matière d'hypocrisie, Adam est mal placé pour porter des accusations. Après tout, il a caché pendant un mois et demi à sa copine qu'il l'avait trompé lors d'une fois singulière.

-Je suis sorti avec quelques filles. Genre des rendez-vous, rien de vraiment concret. De toute façon, je connais G.A., quand je vais arriver avec une fille au bras, tout le monde va le savoir et ça va être sur le blog de People Diary.

La meilleure preuve de sa susceptibilité est peut-être bien sa réaction lorsqu’on dit qu’il est susceptible. Pour lui, c’est de la fierté, plus souvent qu’autrement et on sait qu’on peut difficilement reprocher à quelqu’un d’être fier, mais fierté rime souvent avec orgueil et susceptibilité en ce bas-monde. Adam lui-même n’irait pas prétendre le contraire, mais ses arguments marquent des points et comme dit Judith : «touché», ce qui a le don de le faire rire, par ailleurs.

C’est certain que Judith et lui ne sont pas nécessairement dans la situation, aussi amicale soit-elle, la plus évidente qui soit. Parfois, il a l’impression qu’encore hier, il aimait cette fille plus que tout et c’était le cas à un moment. Il l’adorait, il ne se voyait avec personne d’autre, le grand amour, sa première vraie relation sérieuse, rien à voir avec ses relations d’adolescent précédent. On sait déjà ce qui n’a pas fonctionné et aujourd’hui, il fallait concilier le passé avec le présent et l’avenir également, chose pas si aisée, mais Adam et Judith sont deux personnes pleines de bon sens. N’empêche, peu importe le degré d’implications d’Aaron dans leur histoire, Adam lui en voudra sans doute à jamais et pour toujours, surtout parce qu’il n’est pas venu rencontrer le beau blond au moment où il lui avait donné rendez-vous pour que les deux s’expliquent. Depuis, il avait abandonné tout espoir d’explications et même de confrontations. Pour Judith et pour son amitié envers elle et en mémoire du passé et du tord qu’il lui a fait, il veut bien passer par-dessus son mépris envers une personne. Si demain elle se marie avec Aaron, ce qu’il ne souhaite pas mais… enfin, c’est qu’une hypothèse, il serait présent au mariage. Pas pour lui, mais bien pour elle. Mais si on lui en donnait l’occasion, il se taperait une des sœurs d’Aaron ou un truc du genre…

Trêve de mauvais plans, auquel il ne fait que penser, mais on connait assez bien Adam pour douter de son intention de les faire, Judith et lui parlent de leur vie amoureuse, séparée dorénavant et Judith semble avoir quelqu’un de précis en vue, Adam donne plutôt l’impression d’avoir l’embarras du choix, où d’envisager un célibat prolongé. C’est vrai que dans un sens, après une histoire de couple aussi déchirante que ce qu’il a vécu, il ne se sent pas si pressé de replonger dans l’aventure. Il a un petit sourire et un regard plus approfondi quand elle mentionne qu’elle est persuadée que sa prochaine petite amie sera jolie. Adam n’en sait rien. Judith était très jolie en tout cas et c’est drôle pour lui de voir, qu’encore aujourd’hui, on dirait qu’elle n’en revient pas qu’elle soit sortie avec lui, comme si elle n’avait pas ce qu’il fallait au niveau de l’apparence, alors qu’Adam, envers n’importe quel mec, n’aurait que des bons mots en ce qui a trait la beauté naturelle de Judith. Encore aujourd’hui, elle lui plait, mais il n’irait pas lui dire pour des raisons évidentes. Et sans vouloir être prétentieux, plutôt réaliste, il est presque certain de plaire encore à Judith. Chose normale au fond, ils sont jeunes et beaux.

-Oh tu sais, des jolies filles, y en a des tas. Ce n’est pas ça que je recherche. Après, tant mieux si elle est jolie hein.

On connait assez bien Adam pour savoir qu’il va quand même se trouver un ange de beauté, s’il se met en couple. Que voulez-vous, ya des mecs qui ont de l’œil pour les perles rares. Ça ne les empêche pas de tout foutre en l’air à un moment ou à un autre. Après, il fait quelque pas pour revenir vers le centre de l’amphithéâtre. Pas mal tout le monde avait quitté maintenant, alors c’était à leur tour de sortir. Pendant un instant, il indique la direction qu’il va avec son bras, avant de marcher et d’écouter Judith l’inviter à un petit concert qu’elle donne dans un bar.

-Ouais, certainement. J’ai un dîner avec des amis du conseil, je les inviterai aussi. Le temps de passer chez moi, de prendre une douche et tout ça… Je t’avertis, tu vas te retrouver avec la moitié de la faculté de droit au bar!

Adam semblait réellement enthousiasmer à l’idée d’aller la voir. Il ne se forçait pas à l’être et inviter de ses amis et de ses contacts pour donner un coup de pouce à Judith était loin de le déranger aussi. Il pose quand même une question banale, se dirigeant vers la sortie de l’amphithéâtre avec elle :

-Quel bar ou quel genre c’est? Est-ce que c’est un lounge super chic, style année 50, avec toi qui va chanter à côté d’un piano à queue, ou c’est plus un truc underground étudiant avec l’air renfermé et tout?

Judith eut toute une remarque quand il dit qu’il ne cherchait pas nécessairement qu’une belle fille. Elle lui déclare qu’il pouvait bien joindre l’utile à l’agréable et il lui jette alors un petit regard amusé, mais surpris aussi. Comme remarque, c’était drôle, en effet et elle ne met pas de temps à s’en rendre compte elle-même. Ce n’était pas nécessairement déplacé, non, mais ça pouvait vouloir dire beaucoup de choses. Après, il ne niera pas que si la fille lui plait, c’est bien tant mieux et jusqu’ici, au moment où il rencontre Judith, Adam n’a pas eu le plaisir de passer autant de soirées en bonne compagnie qu’elle le soupçonne peut-être. Par contre, il n’irait pas jusqu’à dire qu’il est à plaindre non plus. Chose certaine, il préfère ne pas revenir sur la remarque de Judith, qui semblait la plus gênée des deux en cet instant.

Son ex’ semblait avoir temporairement oubliée le genre de soutien qu’il était à même de lui emmener et la voila qui est toute nerveuse à l’idée de jouer devant un peu plus de monde que prévu. Comme souvent par le passé, de la voir aussi nerveuse l’amuse et à une certaine époque, il pouvait la rassurer d’un baiser et d’un regard sûr de lui et affectueux aussi. Aujourd’hui, il préfère y aller autrement, pour des raisons évidentes. Sourire en coin, il joue d’humour avec son air pince-sans-rire habituel.

-Ouais, tu n’as plus le choix.

Judith allait jouer dans un bar plutôt underground, rien de chic ou glamour et c’était bien ainsi. Un bar étudiant, c’était bien la clientèle visée. Quand elle lui demande s’il a compris, il acquiesce. Des bars comme ceux-là, il y en a beaucoup dans New-York, que ce soit dans le Queens, à Long Island et même à Manhattan. Ils approchaient de la sortie et Judith, toujours avec son énergie débordante, lui fait savoir qu’elle doit justement filer pour aller aux répétitions de ce petit spectacle. Elle lui enverra les détails par sms et toujours, il hoche de la tête avec le sourire. Ça serait bien qu’elle le fasse un peu d’avance pour qu’il puisse l’envoyer à ses amis après. Elle l’invitait même à lui parler avant que le spectacle ne commence. Demande un peu particulière, mais si elle a besoin de quelques mots d’encouragement avant le spectacle, il veut bien l’aider et rester «backstage», en coulisse comme on dit, pendant qu’elle chantera. L’envers du décor a toujours intéressé Adam de toute façon.

-22h, ça me va et texte moi vite l’adresse, que je puisse l’envoyer à mes contacts. Promis, je passerai te voir avant que ça ne commence. Je te souhaiterai bonne chance une fois là-bas.

Elle lui accorde ensuite un petit baiser contre la joue et il pose brièvement sa main contre la hanche de Judith et lui dit «À tout à l’heure», ou plus simple, en anglais «see you soon». De son côté, il allait retrouver la plupart des membres du conseil qu’il préside, afin de faire une mise au point sur ce qui s’était passé un peu plus tôt. Adam en profita évidemment pour leur mentionner le concert de Judith. Une des filles ne manqua pas de faire le commentaire : «Ah, c’est donc de ça que vous discutiez!» De quoi d’autre auraient-ils dû discuter selon elle? Bref, il lui lance un petit regard, mais n’y accorde pas plus d’attention.

Rentré chez lui après dîner, quelques heures plus tard, il prend une douche, enfile des jeans noires et une chemise encore plus noire, sa ceinture habituelle, il se peigne un peu, mais rien que pour la forme. Son Iphone était harcelé pendant tout se temps, les gens confirmant qu’ils seraient présents. C’était pas une centaine, quand même pas, mais un bon nombre tout de même, qui n’avait rien de particulier à faire ce soir et qui, solidaire, voulaient bien aller encourager une étudiante-chanteuse en devenir. Il répond à quelques uns de ses messages, puis monte dans sa Camaro et file à l’adresse que lui avait donnée Judith. Pour l’occasion, il portait aussi son veston de cuir habituel et arrive vers 22h, non en avance, mais un peu l’heure passée. Le monde commençait à arriver et il laisse son veston contre une chaise à la table où quelques uns de ses amis se trouvaient justement et ils ne manquèrent pas de saluer Adam, qui leur accorda l’accolade amicale habituelle. Deux gars et deux filles, de l’entourage habituel du jeune homme, son cercle d’amis proches, des collègues de droit aussi. Après quoi, il les remercie d’être venu et file en coulisse pour aller retrouver Judith.

Un peu perdu, bien qu’il n’y ait pas dix milles couloirs en ce lieu, il demande à un des techniciens où se trouve Judith et on lui indique une porte non loin. Sourire au visage, il éteint son Iphone, qui n’avait pas arrêté de faire des siennes depuis la dernière heure et cogne ensuite à la porte de celle qui devrait impressionner la foule étudiante venue la voir. Foule… c’est peut-être exagérée, mais le bar est quand même en train de se remplir, des gens seront peut-être même debout.

-Judith? C’est moi, c’est Adam.

Il était là, comme promis.

Judith était presque prête et l'invite à entrer. Aussitôt, il la voit de dos, le dos nu d'ailleurs et c'est certain que c'était une scène encore un peu familière pour lui. Pas qu'il l'est vu dos nu dernièrement, mais enfin, il y a des souvenirs qui restent comme on dit et comme il l'affirme de façon assez franche, il ne regrette pas du tout cette relation qu'ils ont eu et il aurait aimé une meilleure fin même. Elle se tourne vers lui et lui adresse un sourire, auquel il répond avec le même air. Comment il la trouve? Très jolie, une vraie star. Si elle se montre convaincante sur scène, elle pourra repartir avec l'homme de ses rêves. Silencieux jusqu'ici, il s'approche rapidement d'elle quand la jeune Américaine lui demande de l'aide pour fermer la fermeture éclair de sa robe. C'est avec le sourire en coin qu'il attrape doucement, d'une main, la fermeture éclair, enfin, l'espèce de zip, et de l'autre, il rapproche un peu chaque côté de la robe, touchant au dos de Judith dans le processus. Ce n'était pas la première fois qu'il l'aidait ainsi et c'est bien pourquoi il sourit. Il y a des choses qui ne changent pas.

-Ça va, je m'en occupe. Tu te sens prête à monter sur scène?

Il faut juste de la patience et de la douceur, mais une certaine fermeté. Alors il réussit à fermer la fermeture éclair de la chanteuse et la voilà toute prête pour son spectacle. Quand elle se retourne vers lui, il voit bien qu'elle a l'air nerveuse. Lui aussi, il l'est, dans des événements semblables ou durant un match de foot, seulement, il faut apprendre à transformer cette nervosité en énergie positive. Il la regarde, toujours avec le sourire, s'amusant un brin de la voir aussi nerveuse, mais excitée aussi de chanter.

-Je suis seul à ma table et quand je suis arrivé, j'ai seulement croisé le barman.

Adam blaguait, bien sûr, mais il faisait ce qu'elle lui demandait, à savoir, de lui mentir. Il pose ses mains chaque côté des épaules de Judith, qu'il flatte un peu, comme pour essayer de la calmer et plante son regard dans le sien.

-Judith, respires un peu, ça va aller. Tu es superbe et tu sais comme moi que tu vas «owner» (exceller) sur la scène.

Quand il lui demande si elle est prête, elle semblait hésitante à le dire. C'était le tract d'avant de monter sur scène. Probablement qu'une fois qu'elle y sera, elle ne se souviendra même plus de cette conversation ou de cette angoisse d'avant. Et alors elle montrera aux gens tout son talent et dans dix ans, ils pourront dire qu'ils ont vu la popstar célèbre Judith Lawyers en concert dans un petit bar de New-York, à l'aube de sa célébrité. Adam de son côté pourrait en dire davantage, mais il n'était ni vantard, ni du genre à exposer sa vie. Un sourire en coin, ça lui suffisait.

-Ça me parait suffisant.

C'est tout ce qu'il faut après tout. Prête ou non, elle va monter sur scène et donner son 110%, Adam n'était même pas inquiet ou soucieux de cela d'ailleurs. Il avait la plus entière confiance en elle et son talent. Du temps où ils étaient ensemble, jamais il ne l'a découragé à poursuivre son rêve. À ce qu'il dit, elle devine que la salle et comble et d'ailleurs, il eut un sourire coupable et acquiesça. Il n'avait pas voulu prétendre le contraire non plus.

-C'est ça...

Adam essaie ensuite de la rassurer et de la faire respirer avant qu'elle ne fasse de l'hyperventilation, ce qui n'est pas très pratique à faire quand on s'apprête à chanter. Ses petits mots paraissent fonctionner et la calme. Qu'est-ce qu'elle ne ferait pas sans lui hein. Sourire en coin, il sursaute quand le technicien arrive, après qu'elle l'ait remercié d'être là et son regard passe du type à elle, s'écartant un peu d'elle. On se sentait vite de trop dans se monde qui tourne vite. Les mains dans les poches, il attendait et elle lui fait ensuite savoir qu'elle ne comptait pas faire attendre son public, contrairement aux stars du rock. Adam acquiesce, c'était une sage décision et plus vite elle va commencer, plus vite la nervosité va s'envoler.

-Je reste en coulisse. Fais ta chance Judith.

Petit clin d'œil et après, ils quittent la loge. Lui, il reste à l'arrière scène, tranquille et assez sur le côté pour ne pas déranger les va et viens des techniciens par exemple. Il se faisait le plus discret qu'il pouvait l'être et voyait Judith de biais, légèrement de dos. D'abord, elle accueille, remercie son public, puis commence à chanter sa chanson. Il en avait déjà entendu des bouts, mais jamais au complet et c'est certain qu'à ce qu'elle dit, il sent bien d'où elle a pris son inspiration et ça ne le dérange pas, au contraire, c'est bien tant mieux. En autant qu'elle ne le fasse pas trop pas passer pour un monstre et un sans cœur dans ses chansons, mais après, elle en aurait le droit et il ne pourrait qu'en être triste. Cette chanson l'épargne tout de même et parle plutôt de comment elle se sent. Il écoute le spectacle, reste attentif et silencieux en attendant, discret, toujours à l'arrière scène. Bien sûr, quand les gens applaudissent, il applaudit aussi, un sourire sur le visage, il était fier d'elle.

La première chanson était terminée et Judith s'en était très bien sortie! Maintenant, la prochaine devait enchaîner et d'ailleurs, elle l'annonce à son public. C'est drôle de voir comment parfois, elle lui jette des petits coups d'œil. Il avait le grand sourire, mais quand il entend le titre de la chanson, ce dernier s'atténue quelque peu. Ghost? Il ne la connait pas celle-là, ça doit être une nouvelle et le titre est, disons, intrigant. Assez vite, dès les premières paroles, il comprend de quoi cela parle. Léger malaise ici pour lui, qui quand même, ne le prend pas mal ni au premier degré. Les artistes expriment leurs émotions à travers leurs arts. Adam est lui a toujours été du type plus intériorisé et il se défoule quand il le faut en faisant du sport ou déchaîne ses passions au lit, mais ce n'est pas lui qui écrit des poèmes, rédige des chansons, ce genre de choses. Judith est une artiste et il a toujours envié et aimé sa sensibilité justement et ce n'est pas parce qu'elle parle de ce qu'elle a vécu dans une chanson et de ce qu'elle souhaite qu'il ressente aujourd'hui, ou ce qu'il soit pour elle, un fantôme, dans une chanson pop, qu'il va commencer à grimper sur les barricades. Il encaisse, comme il a l'habitude de le faire et tapote même du pied, sourire en coin, intériorisant son malaise.

La chanson terminée, comme tout le monde, il applaudissait encore et les gens dans la salle semblait bien content. La plupart ne fera pas le lien entre la chanson et leur relation passée et même s'il le faisait. C'est ainsi, on ne reniera pas les événements passés et tant mieux si elle en fait de belles chansons qui lui permettent de réussir sa carrière. Adam restait serein dans tout ça. Judith arrive paniquée dans les coulisses et le beau blond ne met pas de temps à aller la retrouver. Il voyait bien dans son regard qu'elle était soucieuse, alors aussitôt, il se fait rassurant.

-T'as été super! Et t'inquiètes pas, je sais... et ça ne me dérange pas. Si ça t'inspire et que ça te fait avancer, alors tant mieux.

Il haussait un peu des épaules, comme pour témoigner de la légèreté de la situation. Le pire serait d'en faire toute une histoire et de constamment ressasser leur passé commun, plus ou moins joyeux, au moindre accrochage. N'empêche, Adam n'ira pas écouter cette chanson à répétition non plus et se vanter de quoi ça parle... Il désigne du menton la scène:

-Vas donc les remercier encore. C'est toi la vedette, tu dois combler tes fans.

Peut-être que c'était impolie de l'interrompre, mais il se doutait de ce qu'elle voulait dire et il tenait à lui signifier que ce n'était pas nécessaire et qu'il ne lui en voulait pas. Apparemment, c'est inutile de devancer les intentions d'une femme, parce que quand même, elle se met à tout lui expliquer, chose à laquelle il devait bien avouer ne pas tenir, parce qu'il avait l'impression que c'était remué le couteau dans la plaie. Elle tenait à tout prix, malgré ses fans dehors et tout le reste, à lui dire qu'elle ne pensait pas vraiment ses paroles, que la compagnie les a changé, que ci et que cela. Des justifications qu'il ne tenait pas vraiment à entendre et il la regarde, se montre patient et acquiesce doucement. Et même si ça avait été ses paroles, même si c'était ce qu'elle a ressenti, ce qu'elle souhaite et tout ça, ok, elle aurait raison, parce qu'il l'a trompé, parce qu'il lui a brisé le cœur et qu'ils se sont laissés, alors elle a le droit d'avoir éprouvé de la colère, tout comme elle a le droit d'écrire une chanson comme elle le souhaite, que la chanson parle de lui ou non. C'est vrai par contre que le mettre en garde tout à l'heure, ça aurait été sympa'...

-C'est rien, t'inquiètes, je te l'ai dit, ça m'a pas dérangé.

Il n'aime pas se répéter, mais cette fois, c'est justifié. Les désolés sont quand même les bienvenus, mais non-nécessaire. Enfin, il passe quand même un bras autour d'elle et lui tapote un peu le haut du dos avec sa main. Ça lui faisait un peu drôle de l'avoir ainsi contre lui. Comme quoi il n'était quand même pas qu'un fantôme dans sa vie, ahah! Judith, qui conserve son sens du drame, lui répète encore qu'elle est désolé. Mal à l'aise il acquiesce. Oui oui, il a bien compris, ça va... Le regard impatient, il gardait un petit sourire qui se voulait rassurant.

-Puisque je te dis que oui... Tu me connais, je suis franc. On se voit tout à l'heure Judith.

Amusé, il la prend par les épaules, la retourne et la pousse doucement vers sa scène. Pendant qu'elle y ait, il quitte les coulisses pour descendre aller à sa table, parler un peu avec ses amis pendant qu'elle est en coulisse de son côté, à moins qu'elle ne vienne le rejoindre tout de suite. Dans tout les cas, il enfile son veston de cuir, qu'il laisse quand même détaché. Ses amis avaient bien aimé et c'était tant mieux. Adam ne manque pas de leur rappeler que le single de Judith devrait sortir sous peu. Bien sûr, on lui demande où il était et il est tout fier de dire qu'il était en coulisse, en train de la regarder et qu'il les voyait eux, bouche bée par moment tandis qu'elle chantait. Un de ses amis fait par contre une remarque qui manque sérieusement de tact et le regard que lui jette Adam le refroidit et lui fait réaliser sa bourde.

«Hey, tu dois regretter de l'avoir laissé, maintenant, non?»

Un petit froid se crée aussitôt, mais Adam s'excuse auprès d'eux et leur dit qu'il va aller se chercher un verre au bar, où il attend ensuite Judith une fois qu'il y ait. Il s'est pris un verre de bière, rien de bien compliqué.

Judith ne mit pas trop de temps à le rejoindre au bar et en entendant la grosse voix qu'elle se donne, il eut un rire amusé, de bon cœur. Il était heureux pour elle ce soir. C'était sa soirée à elle, son moment de gloire et après des années d'effort, c'était bien mérité. Des soirées comme celle-la, elle risque d'en avoir d'autres. Forcément, si son album se passe bien, elle aura à donner d'autres concerts. Aujourd'hui, avec l'industrie du disque en déclin constant, les artistes font leur argent et leur célébrités avec les concerts, et dans certains cas, les revues à potins et les photos compromettantes.

-Non, c'est plutôt agréable je dirais.

Il écarte un tabouret du bar et tapote sur se dernier pour que Judith s'y assoit. Il était aussi assis et il savait que la jeune femme avait passé son temps debout, alors s'asseoir lui permettrait de se détendre un peu justement. Elle lui pose des questions sur son dîner et il sirote son verre, hochant de la tête. C'était un dîner comme il en a au moins un par mois, mais cette fois-ci, ce n'était pas juste pour une petite réunion officieuse et s'assurer que tout le monde est sur la même longueur d'onde. Seulement, ce soir, il n'avait pas tant envie de parler de lui et de ses histoires. C'était Judith qui était à l'honneur cette fois.

-Ouais, ils ont aimé ma «performance» au débat et on continue sur notre plan de match, puisqu'on a pas eu de mauvaises surprises jusqu'ici... Et toi, après ce concert, qu'est-ce que tu envisages de faire? Je veux dire, pas ce soir, mais c'est quoi la prochaine étape? À quand le concert live au Madison Square Garden?

C'est la grande salle de spectacle de New-York et l'endroit aussi où joue l'équipe de basketball et de hockey de la ville. Adam a déjà été voir quelques matchs, à défaut de pouvoir aller voir des matchs d'une équipe de foot qui ait de l'allure. Il a été voir les légendaires Yankees aussi, l'équipe de baseball. Sourire en coin, il gardait un coude posé contre le bar, buvait tranquillement et posait son verre sur le bar quand il n'était pas en train de le boire. Sourire en coin, il regardait Judith et discutait avec elle.

-Je suis surpris qu'il n'y ait pas de fans qui soit venu te demander un autographe. Oh et, un truc qui serait bien, c'est que tu vendes ton disque après les spectacles. Genre une table, deux personnes et comme ça, les gens peuvent acheter même juste un single. Ça fait une bonne promotion. Vendre des t-shirts aussi. À quand un gros t-shirt avec ta face imprimé dessus.

Il rigole un peu, imaginant assez de quoi aurait l'air un tel t-shirt.

-Tu crois que tu vas te retrouver sur Youtube?