Le 29 Septembre 1989, le grand directeur d'un des plus importants conglomérats de Corée a dû quitter une réunion avec des collaborateurs étrangers concernant le secteur de la communication pour un motif exceptionnel. En effet, à plusieurs kilomètres de là, dans l'hopital le plus réputé de Séoul, un infirmier avait appelé pour lui dire que sa femme venait d'être transferé en urgence car elle avait eu de violentes contractions et venait de perdre les eaux, alors qu'elle n'avait pas encore atteint les 8 mois de grossesse. Plusieurs heures plus tard, un petit Coréen voyait le jour, faisant le bonheur de ses parents. Ils décidèret de l'appeller Jun Soo, car le destin lui traçait un avenir remarquable et unique.

Ce jour là, Kim Jun Soo, le deuxième fils du directeur du grand groupe Kim, venait de naître. Il ne le savait pas encore, mais la vie lui réservait une vie spéciale, un avenir dorée : il était un des héritiers du groupe Kim.

Il a grandi normalement, aussi normalement que peut l'être le fils d'un grand patron, soit très peu normalement au final. Il voyait très peu son père, qui était accaparé par l'énorme travail dû à son entreprise et à toutes ses sous branches diversifiés et à ses chaines à l'étranger. Ce dernier partait régulièrement en voyage d'affaire. Sa femme s'occupait de branches spécifiques de l'entreprise et aidait son mari du mieux qu'elle pouvait pour faire honneur au groupe et gérer ses affaires lors de ses absences. Jun Soo et son grand frère, Ji Hoo, de 3 ans son aîné, n'étaient pourtant pas malheureux. Ils vivaient dans leur immense propriété, dînaient avec leur mère, se retrouvaient réunis avec leur père quand ce dernier pouvait se permettre de passer du temps à la maison. Le reste du temps, les domestiques s'occupaient d'eux.

Dès les plus jeunes classes, il intégra une école, mais pas n'importe laquelle : il s'agissait d'une école réservée à l'élite de la société. Filles de grands couturiers, fils de chefs d'entreprises fortunées ou encore fils d'artistes renommés, tous les enfants et les adolescents de la jeunesse dorée et supérieure de la Corée allait dans cette école. Jun Soo fut, comme on l'attendait, un élève brillant et plus que ça, surdoué ; il sauta même quelques classes. S'il faisait des fautes, sa candeur et sa politesse l'excusait. Et puis, qui pouvait dire non à l'un des adorables enfants du grand Kim ? Personne.

Pourtant, s'il était talentueux dans de nombreux domaines, son frère l'était encore plus. Lorsque Jun Soo se révèlait poli et respectueux, Ji Hoo devenait encore plus avenant et maniéré. Lorsque Jun Soo donnait la bonne réponse quand on lui posait une question, Ji Hoo complétait la réponse de son frère et donnait les moindre détails. Lorsque Jun Soo voulait dire quelque chose à sa mère lors d'un de ses rares moments passé avec eux, Ji Hoo passait par là et accaparait l'attention de sa mère qui l'écoutait. Partout, Ji Hoo le surpassait. Jun Soo ne s'en offusquait pas et aimait son frère, il savait que c'était lui l'héritier et qu'il devait être meilleur. Mais c'était avant ça...

Une chose déplorable survint. Un accident de voiture. Dans la voiture se trouvait l'une des personnes à qui l'on attribuait l'un des plus grands avenirs de toute la Corée, alors qu'il était si jeune. Dans la voiture se trouvait Ji Hoo. Le choc avait été trop violent, le garçon était mort quelques heures après avoir été transferé à l'hopital, à l'âge de 17 ans. A partir de cet incident, une partie de l'univers de Jun Soo s'écroula. A partir de cet incident, il devenait l'héritier légitime du grand groupe Kim.

Dès lors, ses parents lui en demandaient encore plus que jamais. Obéissant, il devint encore plus attentifs que jamais, décrochant les meilleurs notes et les meilleurs résultats. Son père l'emmenait à son travail régulièrement, le faisait participer à ses réunions, engageait des professeurs particuliers dans toutes les disciplines possibles et imaginables. En plus de participer à son travail, il s'insinua aussi dans la vie médiatique de son père, apparaissant dans les médias, et devant toujours être encore plus parfait. Mais derrière la perfection, il se sentait vide. Il représentait trop d'enjeux et sa jeunesse lui échappait des doigts. Sans cesse, il devait rester sur ses gardes car beaucoup de gens n'étaient attiré que par son nom, Kim, et par l'argent qu'il représentait.

Les années passèrent, la perfection que tous adorait en lui resta. En plus d'accompagner son père depuis si longtemps, les médias le virent grandir et devenir un homme, ce que le commun des mortels de Corée appréciait plus que tout. Pensez donc : le fils d'un grand homme allait prendre la relève, alors que son propre grand-père n'était partis de rien pour construire cette entreprise.

Au bout d'un moment, il finit par prendre une décision, en dehors du groupe, en dehors du nom qu'il avait, des médias, des employés, de la Corée même. Il ne voulait pas de ça, il n'en avait jamais voulu, son frère aurait dû être le seul héritier. Sans rien dire à personne, il commanda un billet d'avion et partit pour New York (ce qui, je ne vous le cache pas, provoquera un sacré tabac en Corée, mais chut !), avec la ferme intention de repartir de zéro dans un pays où les peaux jaunes passent inaperçus (ou presque) et où peu de gens connaissent son nom.