Je m'aime. Je suis si génial. Je suis dingue de moi...

Deux jours. Cela faisait déjà deux longs jours que Dusha semblait ailleurs, comme si le monde n'avait plus aucun sens pour elle. Elle errait de couloirs en couloirs la journée, se contentant de suivre ses cours, telle un robot ; ne mangeant même plus. Et elle passait le reste de son temps à pleurer, allongée sur son lit, la tête enfoncée dans un coussin à l'effigie des princesses de Disney. Chose un tantinet ironique, puisque la jeune femme était bouleversée, justement, par le fait que sa vie était tout le contraire de celle d'une princesse. Non pas qu'elle aurait voulu vivre dans le luxe, mais rencontrer un homme bien, une fois dans sa vie, ne lui aurait vraiment pas déplu.
Dusha s'est toujours montrée un peu naïve, rêvant de coups de foudre, de grand amour, d'âmes sœurs,... toutes ces choses n'existant en fait que dans ses rêves. Et puis, récemment, la jeune blonde a décidé de s'offrir un "moment de détente" avec le fils du directeur, qui semblait flirter avec elle depuis un moment. Elle se doutait bien que cette nuit passée tous les deux ne donnerait pas lieu à une grande histoire d'amour, voire ne donnerait lieu à rien du tout ; mais, comme toujours, la naïveté qu'il lui reste de l'enfance lui donnait le léger espoir d'avoir trouvé un bel homme, avec qui vivre une belle histoire. Malheureusement, tout le contraire se produit.
Dusha tomba enceinte, et le susdit jeune homme, avec qui elle a passé une nuit, ne veut pas reconnaître qu'il est le père de ce "futur enfant". Et pire, il la menace même, si elle se permet de révéler cela à qui que ce soit, de parler à tout le monde de son "petit boulot" de call-girl, pour ainsi la faire passer pour une fille facile, et lui faire perdre toute crédibilité. Ces deux "nouvelles", Dusha les avaient apprises au matin, la veille. Et elles ne l'enchantaient pas vraiment.
Si ses calculs étaient bons, elle était enceinte de quatre semaines. Elle qui avait toujours été contre l'avortement se retrouvait en plein dilemme. Car, si elle gardait cet enfant, elle ne pouvait continuer à exercer sa passion : la danse, alors qu'elle s'était donnée tant de mal pour accéder à son rêve... Mais elle savait que, si elle avortait ; idée qui la révulse au point que rien que le fait de l'évoquer lui donne la nausée, elle vivrait toujours dans la culpabilité d'avoir à ses yeux, tuer un "petit bébé", qui n'avait strictement rien demandé. Tout cela lui semblait bien compliqué, et elle se détestait d'avoir pu tomber enceinte. D'un pareil idiot, qui plus est.
À ce moment, il est vingt heures, et Dusha, sortie pour la première fois depuis deux jours de l'établissement, était assise, immobile, sur un banc, dans un petit square. Elle pleurait en silence toutes les larmes de son corps, mais personne ne le remarquait, car, comme pour souligner son désespoir, le ciel pleurait lui aussi. En d'autres mots, il "pleuvait des cordes". Mais Dusha, pourtant simplement couverte d'un petit haut à bretelles blanc, et d'un jogging en coton noir, ne bougeait pas pour autant. Elle ne sentait même plus la fraîcheur des gouttes s'écrasant sur sa peau, avant de ruisseler tout le long de son corps, entièrement trempé. Elle ne sentait pas non plus le vent, qui relevait ses mèches de cheveux, et les faisait par la suite retomber sur son visage, où elles se collaient. La seule chose qu'elle sentait, c'était son cœur, battant la chamade, dans sa poitrine, semblant vouloir exprimé, à sa façon, la colère, la tristesse, et le stress qu'éprouvait la jeune fille à cet instant ; et qu'elle, préférait cacher.
Au bout d'un petit moment, Dusha se dit que seule, elle ressasserait sûrement toujours les mêmes idées ; qu'il lui fallait un second avis. C'est ainsi qu'elle en arriva à appeler son meilleur ami, Howard. Celui-ci ne répondant pas, elle bégaya un court message sur son répondeur : « Euh... Howard, c'est... Dusha. J'avais juste envie de te parler, mais... tant pis. On se voit demain. Salut. »
Suite à cela, elle choisit de rentrer dans sa chambre, où elle pourrait au moins s'allonger, et tenter de s'endormir, pour oublier durant quelques heures son malheur, bien qu'elle se doutait que, comme le soir précédent, elle ne réussirait à dormir que deux, ou peut-être trois petites heures. Cette pensée lui fit pousser un soupir. Mais elle rentra tout de même.
Mais comme le dit si bien la loi de Murphy, quand quelque chose peut mal tourner, cela va infailliblement mal tourner ; alors évidemment, arrivée devant la porte de sa chambre, Dusha s'est rendue compte qu'elle n'avait pas ses clés, et que celles-ci étaient restées dans la salle de danse... Elle sentit sa respiration se bloquer, et du s'asseoir, pour éviter de faire une de ses crises d'asthme ; étant donné que son inhalateur était, lui, dans sa chambre. Durant les quelques minutes qu'elle a passé à tenter de se calmer, Dusha eu l'idée d'aller voir une de ses amies, Laly, en deuxième année, dont la colocataire devait être absente cette nuit. Elle marcha donc jusqu'à sa porte, tentant de contenir les quelques larmes qui lui venaient encore aux yeux, et frappa.
« Bah... qu'est-ce qui se passe Dusha ? »
La jolie blonde, reniflant et tentant d'esquisser un sourire hypocrite, répondit, d'une voix cassée : « Ta colocataire n'est pas là ce soir, c'est ça ? Parce que figure toi que j'ai oublié mes clés... » Elle masqua alors un petit gémissement dans un petit rire, censé embobiné Laly