On était jeudi, dix-sept heures. Delilah venait de sortir d'un cours de photographie passionnant. Elle était crevée mais devait passer devant les flashs pour deux bonnes heures. Nouvelle collection, nouveau shoot. Elle prit donc sa voiture pour se rendre sur la Cinquième Avenue, lieu de rendez-vous donné par le photographe. Un studio. Comme d'habitude, le temps passa vite, elle adorait ce qu'elle faisait. En plus, c'était extrêmement bien payé et ça la changeait des cours. Une fois son boulot fini, elle pouvait passer à la partie loisirs. Le jeudi soir c'était soirée The Vampire Diaries avec Leya, sa meilleure amie d'enfance, et du pop-corn. Au menu ? Fantasmes débridés sur les deux acteurs principaux de la série, fous rires et combat à propos de celui qui devait finir avec l'héroïne. Avec tout ce qui se passait entre Ian, Megan, elle et tout ce qui s'en suivait, redevenir une véritable adolescente pour une soirée ne pourrait lui faire que du bien. Leya et Deli se connaissait depuis leur naissance, et se disait tout, elle savait tout l'une de l'autre. Enfin... Presque. Car non seulement elle sentait que la jolie blonde lui cachait quelque chose de si douloureux pour elle qu'elle n'osait pas la pousser à lui dire de quoi il s'agissait mais la brunette ne lui avait jamais parlé de la véritable origine des bleus qui lui parsemaient le corps, petite. Sortant de ses pensées, elle jeta un coup d'oeil à sa montre : dix-neuf heures quarante-cinq. Merde. Elle s'engouffra dans sa voiture et partit rejoindre l'université avant que Blondie ne pète une durite.

Elle se gara dix minutes plus tard sur le parking devant sa fraternité Bêta. Elle verrouilla sa voiture, chercha ses clés et entra dans sa chambre à la vitesse de l'éclair. Elle se déshabilla et sauta sous une douche bien chaude. Elle y était depuis environ dix minutes, propre mais profitant d'un moment de détente, lorsqu'elle entendit tambouriner à la porte de sa chambre tandis qu'une voix clairement reconnaissable lui hurlait de venir lui ouvrir sur-le-champ sous peine de représailles qui prendrait la forme – ou plutôt le son – de son deuxième prénom. Elle éclata de rire, coupa l'eau, enroula une serviette autour de son corps et courut ouvrir la porte. La jolie blonde l'embrassa. « Moi j'aime mon deuxième prénom, pas comme certaines, n'est-ce pas ADÉLAÏDE ? » Son amie se vautra sur son lit avec ses provisions et lui dit d'aller se sécher. « Merci, trop aimable Margaret Thatcher. » Elle retourna dans la salle de bain, enfila un sweat-shirt et un pantalon de jogging avant de se vautrer à côté de la blondinette. Elle picora du pop-corn. « Alors, ça va ma belle ? Quoi de neuf ? » Elle prit la télécommande, visa le poste et l'alluma. C'est en voyant sa manche qu'elle eut un mouvement de recul. Ce n'était pas un sweat-shirt qu'elle portait, mais une chemise. De Ian. Elle avait tellement l'habitude de la porter qu'elle l'avait enfilée sans faire attention. Problème : Leya, qui était aussi la meilleure amie et colocataire du jeune homme, savait évidemment qu'ils étaient amoureux mais pas qu'ils avaient franchi le pas. A moins que Ian ne lui ait déjà tout raconté ?

Leya éclata de rire. Elle évoqua un souvenir de sa première amourette, en moyenne section de maternelle. Ensuite, elle s'attaqua au fait qu'elle avait accidentellement laissé – une fois, UNE SEULE fois – un tanga à elle que la jolie blonde avait immédiatement reconnu et qu’apparemment son ex qui n'en était plus un n'avait pas pris la peine de le dissimuler. Leya rigolait tellement qu'elle pleurait. Devant le regard furax de la brune, elle essaya de changer de sujet, sans aucun succès. Delilah n'était pas du genre à laisser tomber, surtout un sujet comme celui-ci. « Non, non, non, Mademoiselle Hell, vous ne m'aurez pas comme ça ! » Elle se mit à califourchon sur le dos de la blondinette, prit son oreiller et se mit à lui asséner des coups. Elle commença à parler, sans cesser de frapper le crâne de sa meilleure amie. « TU N'AS PAS LE DROIT DE RIGOLER À PROPOS DE MON... Enfin, je veux dire... DE IAN ET MOI ! ON NE SE MOQUE PAS, SOUS AUCUN PRÉTEXTE, C'EST CLAIR ?! » Elle avait failli dire « de mon couple avec Ian ». Waouh. Cela fit comme un comme un électrochoc à la jeune femme. Elle arrêta de frapper et de rire, libéra Leya de son emprise maléfique et s'assit sur le rebord de son lit, le visage entre les mains. Elle soupira. Elle avait failli laisser ses mots et ses envies dépasser la réalité... Les yeux fermés, elle se tapota les ailes du nez du bout de ses doigts et se tourna vers son amie, toujours allongée sur le lit. « Excuse-moi... Je voulais te le dire dès que ça s'est produit, je te jure, mais... Je ne sais pas dans quoi je me suis embarquée... Enfin... Si. Mais ça s'est encore compliqué, je veux ni passer pour une salope, encore moins que Ian passe pour un salaud. Quant à Megan... Je m'en fous. » Elle laissa échapper un léger rictus et la regarda dans les yeux. « On dirait une mauvaise comédie romantique, pas vrai ? » Elle prit une poignée de pop-corns et les picora un à un pour se donner une contenance. Une fois calmée, la jeune femme s'allongea sur le lit sur le ventre, la tête sur ses mains croisées, le regard fixé sur l'écran. Rien de tel qu'une bonne dose de Stefan Salvatore afin de ce calmer pour de bon. Ce mec l'hypnotisait. Avec Leya Hell, elle redevenait une véritable adolescente.