Lorsque j'étais en compagnie de mon frère, je ne pouvais que me sentir bien. Nous étions si proches que rien ne pouvait nous séparer, il était mon bras droit, ma moitié, mon soleil. Je l'aimais comme pas possible, malgré les petites disputes qu'on avait eues, malgré la distance qui nous séparait parfois... C'était l'être qui m'était le plus cher au monde, je le connaissais depuis dix-neuf ans, depuis toute ma vie. Se retrouver à deux à s'amuser, j'adorais ça, je trouvais d'ailleurs qu'on ne le faisait pas assez. Depuis qu'il avait une copine, on se voyait de moins en moins et je n'aimais pas du tout ça, bien que j'aimais Leya de tout mon cœur . C'était ma petite belle-sœur, celle avec qui mon frère allait partager sa vie, la fille qu'il aimait, donc je ne pouvais que l'aimer aussi. Elle n'était pas facile du tout mais je ferais tout pour que ma relation avec elle soit comme celle avec mon frère.

« T'es jamais contente pas vrai sister ? » me dit-il ronchon. « La prochaine fois je m'amène en mode n'importe comment et tu verra que tu sera heureuse de mes efforts vestimentaires petite insolente ! Non mais ! Je te signale que tu me dois le respect quand même ! » me sermonna-t-il.

Cela me fit plus rire qu'autre chose, surtout parce que Jon n'arrivait pas du tout à garder son sérieux, et n'était pas convaincant du tout dans ce qu'il disait. Je ris en levant les yeux au ciel.

« Oui Jon, désolée Jon, je ne le ferai plus Jon ! » dis-je sur un ton enfantin, avant d'ajouter à voix basse : « Hum... au fait, la prochaine fois ne te ramène pas en mode "n'importe comment" comme tu dis, j'disais ça pour rire hein... »

Je lui fis un clin d'oeil, puis lui dit :

« J'ai eu maman au téléphone hier, mais elle a rien dit de très spécial, elle a juste demandé comment ça allait, comment tu te portais, enfin tout le tralalala habituel quoi. Sinon, j'aimerais t'accompagner ce week-end, j'ai besoin de quelques trucs et la famille me manque, donc je viendrai. Tu avais prévu de partir quand ? Moi j'ai terminé vendredi midi, donc au pire on part vendredi dans l'après-midi... C'est comme tu veux. »

Il m'écouta parler puis me répondit :

« Maman dans toute sa splendeur quoi ! Ah, elle me manque parfois, elle nous chouchoutaient bien quand même et puis on était bien là-bas, au soleil presque toute l'année, n'ayant rien d'autre a faire que vivre notre vie … Et puis ouais, t'a qu'a venir ce week-end ! Il y aura Leya avec nous mais tu peux aisément venir, je passerais te chercher vendredi et hop, direction chez nous ma belle ! »

Je souris lorsqu'il parla de notre mère, repensant aux beaux moments en famille qu'on avait vécus à LA... Ça me rendit triste, sur le coup. Mon expression du visage changea, mon sourire disparut et laissa place à un visage neutre, presque triste. J'attaquais mon plat que le serveur venait d'apporter pour cacher mon visage triste. Lorsqu'il changea de sujet de conversation et qu'il annonça que Leya allait nous accompagner, un grand sourire s'afficha sur mes lèvres. J'étais contente qu'elle viendrait, je m'imaginais déjà la scène lorsque Jon la présenterait à nos parents! Il proposa de venir me chercher vendredi.

« D'accord ! C'est cool que Leya accompagne! Tu viens me chercher vers 13h? Je suis en cours jusqu'à midi, donc ça devrait aller. Je serai chez les Gammas normalement, tu n'as qu'à venir me chercher là-bas, ok ? »

Il me râla d’abord dessus en me disant que je me fichais de lui – ce qui était vrai, en passant -, et me traita de vilaine. Je le regardai d’un air choqué, puis il me rassura en disant qu’il savait que je rigolais et termina par dire qu’il avait quand même la classe quand il le voulait. Ca, je devais l’avouer. Mon frère avait un style vestimentaire que j’adorais, j’avais toujours trouvé qu’il avait bon goût. Il tenait ça certainement de ma mère, qui elle aussi était toujours habillée d’une façon incroyable.

« Oui, tu as la classe. Je l’avoue ! T’es comme maman. », lui dis-je en souriant.

En continuant mon repas, je lui proposai de venir me chercher vers treize heures chez les Gammas. Cela me laisserait le temps de me préparer comme il se devait. Me présenter devant mes parents habillée n'importe comment, pas question. J'avais hâte de les rejoindre, de revoir Joy et passer un merveilleux séjour à LA avec mon frère et ma belle-sœur . Il termina son assiette, bus une gorgée puis m’annonça que ça lui allait.

« Ils vont être content d'avoir du monde à la maison. Ils doivent se sentir seuls depuis qu'on est partout tout les deux. Cela doit leur faire bizarre quand même, de quatre, ils se retrouvent que tout les deux à la maison. Ca me manque parfois de ne plus être a la maison avec maman et papa toujours la pour nous, pour nous idée et tout ! »

En effet, mes parents me manquaient aussi. L'ambiance qui régnait à la maison Weathy était tellement agréable, nous étions vraiment la famille la plus heureuse du monde. Nous le sommes toujours, mais nous ne nous voyons pas assez souvent, ce qui est vraiment très dommage. Soudain, je me souvins d'un moment dans le passé qui avait sûrement été très dur pour mes parents.

« Jonathan ! Prends bien soin de ta sœur ce soir, on ne sera pas là pour t’aider cette fois-ci ! » Je me souvenais de ce moment comme si c’était hier. La première fois où mes parents m’avaient confié à Jon, la fameuse première fois. Maman avait été tellement inquiète qu’elle nous avait appelés toutes les dix minutes, pour enfin constater que cela ne servait à rien puisque Jon était le plus responsable des grands frères. Il avait onze ans à l’époque, j’en avais sept. Certes, nous étions jeunes, mais Jon dépassait tous les garçons de sa classe en maturité. Il avait toujours été conscient des dangers et très protecteur envers moi, c’est pourquoi mes parents lui avaient fait confiance ce jour-là, malgré son jeune âge. Nous avions passé la soirée à regarder la télé, moi blottie dans ses bras, regardant des séries de mecs qui ne m’intéressaient nullement. Pourtant, ce moment était un des moments que j’avais préférés dans ma vie. Sentir les bras protecteurs de Jon autour de moi me faisait un bien fou, je ne m’étais jamais encore sentie aussi en sécurité. Rien ne pouvait m’arriver, même les monstres en-dessous du canapé ne pouvaient pas m’atteindre. Quelques heures après, Jon m’avait demandé d’aller me coucher, ce que je fis. Il me couvrit de bisous, puis éteignit la « grande lumière » comme je l’appelais, me laissant juste la petite veilleuse dans un coin de la chambre. Cette lampe m’effrayait, elle dessinait de grandes ombres étranges sur le mur de ma chambre. Je passai de longues minutes cachée sous ma couette, n’osant pas en sortir la tête de peur d’être attaquée par ces choses inidentifiables. Longtemps après, j’entendis Jon se coucher, puis me décidai de prendre mon courage à deux mains pour me lever et rejoindre mon frère dans son lit. Quelques mètres seulement. Quelques mètres où les monstres pourraient m’atteindre. Quelques mètres hors du lit. Je me levai à une vitesse incroyable, quelques larmes coulaient sur mes joues. Rapidement, j’avais rejoint la chambre de Jon, baignée dans la pénombre. Toute tremblante, je lançai un petit « Jon ? » Mon frère ne dormant pas encore, me répondit immédiatement. « Jon, j’ai peur. » Il m’avait tendue les bras, dans lesquels je courus me blottir. Il nous couvrit tous les deux de la couette et je m’endormis presque immédiatement.

Le souvenir de cette soirée me fit sourire, mais me rendit encore plus nostalgique que ce que je l'étais. Ne voulant pas paraître idiote à sourire toute seule, je partageai avec Jon mon souvenir.


« Hé. Tu te souviens de la soirée où maman et papa me t’avaient confié pour la première fois ? Tu t’es vraiment bien débrouillé. Certes, t’étais pas aussi musclé que maintenant mais tes bras, je les aimais déjà à l’époque ! »

Je lui souris et lui fis un clin d’œil.