J'en reviens toujours pas d'avoir acheté un truc pareil. Je le regardais, dans le rayonnage d'une boutique spécialisée dans ce genre de trucs... Et je l'ai trouvé. Beau, stylisé. Et surtout dépourvu de plumes, de fourrure et de cadenas. Oui, je parle bel et bien de ce journal intime. Mais je sentais que j'avais besoin d'écrire. De m'évader. De toute manière, ce n'est pas nouveau ! J'ai toujours eu envie de fuir la vérité. Ou la coucher sur du papier en tout cas. Ce besoin d'extérioriser mes sentiments... je le ressens au quotidien. J'imagine qu'il est logique que mon besoin d'écrire surpasse tout le reste. Après tout, je suis censée être une nouvelle artiste. Un jeune talent au destin prometteur ! La bonne blague. Il faut croire que j'ai besoin de souffrir pour trouver le peu de talent, d'inspiration dont je dispose.
Je vais commencer par le commencement. J'imagine que ça fait cliché. Que tout le monde le dit au moins une fois dans sa vie ! Je suis arrivée à la Great Academy y a un bon bout de temps déjà. J'étais si timide... si concentrée sur mon désir d'aller loin dans la vie. J'avais choisi psychologie parce que je voulais comprendre les gens. Les aider du mieux que je le pouvais, leur donner des conseils tout en étant quasiment certaine de ce que je faisais. Ce n'était pas un rêve. Seulement un moyen de conjuguer travail et envie d'aider. J'avais un rêve... Je n'en avais parlé qu'à très peu de gens. Jusqu'alors, je ne chantais nulle part si ce n'est dans ma salle de bain en me préparant, ou encore dans ma chambre quand j'étais certaine que personne ne pourrait venir se plaindre de ma voix. Je commençais tout juste à me faire à la vie d'étudiante dans une grande ville comme la Grosse Pomme. Mon rythme était soutenu mais je m'en sortais avec les honneurs. Je ne me sentais pas spécialement en besoin de vivre autre chose. J'étais bien dans mon monde fait de lectures, de concentration active sur les cours que je suivais. J'avais croisé le regard d'un jeune homme. Je ne connaissais pas son prénom, mais pour l'avoir observé une ou deux fois, je savais qu'il était un artiste. Et d'après ce que je pouvais parfois en juger par hasard, il était doué. Très doué. Ses rares sourires me faisaient fondre. Il était beau mais n'en avait pas suffisamment conscience pour jouer de son charme. Plutôt solitaire, il travaillait souvent sur la perfection de son art. On aurait dit qu'il cherchait à se faire une idée - toujours juste, je l'apprendrais plus tard - des personnes qu'il rencontrait. Mais je n'ai jamais osé lui adresser la parole. Comment pourrait-il ne serait-ce qu'avoir envie de discuter avec moi s'il ne me regardait même pas ? Je décidais donc de rester penchée sur ma timidité et mon quotidien monotone. Et un jour il entra dans ma vie. Il était beau... populaire. Séduisant, gentil et surtout intelligent. Il dégageait un charisme que je n'aurais su quantifier. Il brillait de mille feux dans mon monde terne. Et comble de l'ironie, il s'intéressait à moi. Je veux dire. Vraiment. Il avait envie de me connaître. Il m'invita à sortir un soir. Je crois que je me rappellerais toujours de ce baiser. C'était le premier que j'échangerais avec lui. Mais très certainement pas le dernier ! Il s'appelait Adam. D'origine française, il me chuchotait parfois des mots doux dans sa langue d'origine. Je l'aimais. Oh! oui. Je l'aimais.
J'étais avec lui quand l'artiste sur lequel j'avais craqué me parla enfin. Il me souriait. Comme Adam avait réussi à me décoincer un peu et surtout à me faire oublier un temps ma timidité, je m'étais jetée à l'eau et avait engagé la conversation. Il s'avérait qu'il était génial. Mais j'étais amoureuse d'un autre. Et de toute façon, jamais je n'aurais soupçonné un béguin mutuel à l'époque.
Les rumeurs allaient bon train. Je m'y étais habituée. Je sortais avec le président des étudiants. Je le apportais mon soutient du mieux que je le pouvais et faisais tout pour que notre relation fonctionne. Il réveillait chez moi une passion que je n'aurais sans doute jamais soupçonnée chez moi. Adam était un homme génial. Mais je l'avais idéalisé. Un jour... il me trompa. Avec une fille que je croyais être une amie. J'ai mis le temps. Je l'ai détesté, j'ai souffert. Mais finalement j'ai voulu oublier, lui pardonner. Mais lui ne le pouvait pas. Il refusait et m'annonça qu'il voulait que cette histoire s'arrête là. Il ne m'aimait pas... ou plus... il ne savait plus où il en était. Je l'ai haït. Je l'ai détesté ! Comment osait-il me faire une telle chose ?! Mais cette douleur, elle m'a permis de me relever. De devenir plus forte. De révéler une bonne fois pour toute qui je suis réellement. C'est à cette époque que je me suis inscrite à un concours dans une maison de disque. C'est à cette époque que j'ai céder à Aaron... celui qui avait longtemps été mon meilleur ami avant de me trahir pour sa fraternité et d'aller jusqu'à briser mon couple qui à ses yeux était bien trop parfait pour subsister. Je... Je te laisse. Je dois aller en cours. J'écoute cette chanson en boucle...

C'est vrai... Ça fait du bien... D'écrire. ♥