« C'est par là, la bibliothèque? Peut importe, j'vais voir. »

Mais quelle idée d'oublier ce devoir... S'il n'avait pas passé la semaine à faire des sorties et à fricoter avec sa conquête du moment, il aurait eu du temps à profusion pour pouvoir le terminer. Mais non, ce projet lui était complètement sorti de la tête, tout comme les milliers de devoirs qu'il a rendus en retard auparavant. Néanmoins, cette fois-ci, ce travail devait être impérativement rendu dans le temps limite, car dans le cas contraire, sa mère le déshériterait. Ce serait l'horreur, l'angoisse infernale de devoir vivre sans argent, sans plaisirs matériels, sans valeur... Quoi qu'il en soit, pour la simple et unique raison qu'il devait accomplir ce devoir pour obtenir la meilleure cote possible, il était dans l'obligation de se rendre à la bibliothèque en pleine nuit, afin de faire des recherches dans la variété de bouquins qu'on peut y retrouver.

La bibliothèque, où c'est au fait? Dans ses souvenirs (trèèèèès lointains), elle était située à l'étage de l'université. C'est d'ailleurs en plein cour du règne de la Lune que ce dernier se rendit furtivement dans le complexe universitaire, à la recherche du merveilleux monde de la lecture. Cela faisait à présent une quinzaine de minutes qu'il déambulait dans les couloirs déserts et lugubres de l'école, balayant les lieux du regard à la recherche de ladite bibliothèque. Mais toutes ses tentatives avaient été pour le moins vaines. Après plusieurs minutes de recherches additionnelles, il songea à utiliser l'ascenseur de nouveau, dans l'unique objectif d'atteindre sa destination.

D'un pas nonchalant et tentant de bien cerner les horizons dans une obscurité d'encre, Mark avançait tranquillement. Plus il cheminait, plus il sentait que la fatigue et l'épuisement s'emparaient de son corps, et plus ses pas devenaient lourds. Il passa à peu de s'endormir sur place, mais parvint à rester éveillé et s'asséna à lui-même un coup vicieux dans le bas du ventre. Finalement, après quelques secondes - qui parurent pourtant des décennies du point de vue de JFK -, ce dernier atteignit l'ascenseur, et appuya sur l'unique bouton de commande qui comblait le mur délabré et non-captivant de l'université.

Un bip sonore, et les portes de l'ascenseur s'ouvrirent finalement. Mark Kennedy plongea aussitôt dans celle-ci, alors qu'une poussé d'énergie l'envahissait. Il appuya machinalement sur un autre bouton, et les portes se fermèrent tranquillement. Toutefois, au moment où l'accès était sur le point d'être complètement obstruée, une main d'apparence féminine fit son entrée en scène, réouvrant par le fait-même les portes de l'ascenseur. Mais qui cela pouvait bien être, à cette heure?

Sherryl Adam. C'était Sherryl Adam, une vieille amie améliorée, qui se dressait à présent devant JFK. Ébahi, ce dernier tenta de prononcer quelques mots, mais en vain. Cela faisait plus d'une semaine qu'ils ne s'étaient pas vus à l'université, et leurs petites soirées lui manquaient ardemment. Après plusieurs essais, il parvint finalement à affirmer, d'un ton qui laissait transparaître une fatigue trop envahissante :

« Shery! Qu'est-ce que tu fais ici en pleine nuit? »

« Je crois que je pourrais te retourner la question ici. Tu t'es perdu? M'enfin. Il est bon de te revoir. Je commençais à m'ennuyer! »

D'un geste des plus banaux, Sherryl appuya nonchalamment sur le bouton de son étage. Alors que Mark voulait imiter ce geste, il se rendit compte qu'il ne connaissait pas le chemin vers la bibliothèque, et encore moins l'étage où elle se trouvait. Il se résigna donc à reposer sa main au fond de sa poche, espérant que Sherryl ait inconsciemment fait le bon choix pour lui. Puis, alors que l'ascenseur s'élevait vers le ciel à la vitesse de... d'un tortue, JFK se retourna de nouveau sur son interlocutrice, et l'enlaça comme si le câlin avait été prévu. Après l'avoir éprise quelques longues secondes, il relâcha sa douce prise et entama la conversation à son tour, d'une voix toujours brisée par l'épuisement des derniers jours et par le désespoir qu'il vivait :

« Ch'uis venu faire des devoirs. En pleine nuit. Un jeudi soir. Hourra.

Alors que le « hourra » résonnait dans l'ascenseur, le sol se mit à vibrer incroyable dans celle-ci. Ébahi par tout cela, Mark se mit à bouger nerveusement, se demandant ce qui se passait. Une lumière rouge éclaira aussitôt toute la petite pièce, rendant l'ambiance encore plus alerte. S'étant remis de ses émotions, il constata que l'ascenseur subissait une panne. Hourra! Juste au moment où il devait travailler!

Il eut l'idée d'appuyer sur le bouton d'alerte, mais abandonna l'idée lorsque son regard croisa celui de Sherryl. Cette demoiselle possédait une paire d'yeux embrasés par la passion, et le simple fait de l'observer le mettait dans tous ses états. La dernière fois qu'ils avaient été tous les deux, ils avaient finis au lit... et seul Dieu sait comment cette veillée mouvementée avait été... bestiale. Mark, à nouveau, reposa sa main dans les poches de ses jeans et proposa à son interlocutrice, qui était étonnée de voir que JFK ne semblait pas vouloir faire les efforts pour sortir de cette situation.

« J'ai une idée... J'suis clairement en manque de sexe.

Mark marqua une pause dans son discours, prenant fermement la main de Sherryl. Il se mit viscéralement à flatter sa main, et alors que la lumière écarlate s'était éteinte, laissant place à une luminosité blafarde, le frère d'Oméga perpétua sa proposition :

« Donc bon. J'ai pas vraiment envie de faire mes devoirs... Vraiment pas envie. On pourrait peut-être... Tu sais c'que j'veux dire. »

Il appuya Sherryl violemment contre le mur de l'ascenseur et dans un geste inopiné, il embrassa ses lèvres vigoureusement et intensément. La fatigue et le manque de sexe étaient tous deux facteurs de ce geste pour le moins soudain. Mais JFK ne craignait pas une réponse négative de la part de son interlocutrice car, la connaissant très bien, il savait également que cette dernière ne pouvait jamais refuser une partie de plaisir comme ça. Terminant le baiser, Mark termina sa suggestion :

« Alors, t'en penses quoi? On est seuls... »