Mots de douleur, accent de rage,
Voix fortes, rauques, bruit de mains avec elles,
Faisaient un fracas tournoyant,
Toujours, dans cet air éternellement sombre,
Comme le sable où souffle un tourbillon.
Dante, l’Enfer, Chant XXXIV.


Tout autour de toi n’est que bruit. Sons stridents, sifflants, omniprésents. Grognements de douleurs, murmures gémissants et cris des suppliciés emplissent l’air. Ils envahissent tout l’espace, t'oppressent et te submergent complètement. Tu voudrais te couvrir les oreilles pour ne plus les entendre mais tu ne peux pas.

Tout autour de toi, l’air est rouge et sombre, lourd, étouffant. Il est dense, brûlant et pourtant il te glace le sang. Il s’infiltre en toi et tu voudrais fermer les yeux mais tu ne peux pas. Tu es paralysé, ton corps ne répond plus, il ne t’appartient plus. Et tu ne peux rien faire quand ils approchent.

Tu sais qu’ils sont autour de toi, ils se cachent dans cet air couleur sang et lorsqu’ils avancent tu sens ton cœur battre furieusement dans ta poitrine. La peur t’étreint, s’approprie tout ton être et t’empêche de respirer. Ils sont là, tu le sais mais tu ne peux les voir et cette idée te terrifie. Tu as peur du moment où ils cesseront de jouer avec toi. Du moment où ils se montreront à nouveau. Parce que tu sais qu’ils vont venir. Et que tu te mettras à crier, comme tous les autres.

Tu regardes « …… », il te rassure, vous parlez tant que vous avez le temps. Tu as envie de te coller à lui de trouver un peu d'amour et de réconfort, mais tu ne peux pas.

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Oh quel étonnement ce fut pour moi
Quand je vis que sa tête avait trois faces ...
Sous chacune partaient deux grandes ailes,
à la mesures d’une si grand oiseau...
Elles n’avaient pas de plumes, et ressemblaient
A celles des chauves souris ...
Dante, l’Enfer, Chant XXXIV.



Tu le vois s’avancer vers toi, flotter dans l’air sombre et rempli d’éclairs qui t’entoure, et la peur envahie. Tu as découvert la véritable forme, la véritable apparence des démons dont tu ignorais jusqu'à l'existence avant et tu sais maintenant. Tu sais à quoi ressemblent réellement ces créatures. Tu les as vus autour de toi, te griffer, te brûler, torturer ton corps sans relâche jusqu'à ce que tu n’as plus la force de crier. Pas même de supplier. Que ton corps ne soit plus rien que de la charpie. Pire encore ils s'amusent à te faire crier pour que l'un de nous deux craquent, tu le sais, tu as failli dire stop, mais tu es forte et tu sais que tu ne dois pas abandonner « ….. ».

Tu les as vu tels qu’ils sont vraiment et leur vue te terrorise. Parce que tu sais à quoi ils ressemblent mais surtout de quoi ils sont capables. Ce qu’ils font sur terre n’est rien comparé à ce qu’ils peuvent faire chez eux. Le mal, la souffrance qu’ils propagent n’est rien comparée à celle qu’ils te font subir encore et encore et encore.

Alors, quand tu le vois s’avancer vers toi, quand il se rapproche de toi jusqu'à te frôler tu voudrais fermer les yeux mais tu ne peux pas. Ça fait bien longtemps que tu ne peux plus. Tu attends qu’il fasse un mouvement, qu’il te touche et que la douleur t’envahisse à nouveau, brûlante, mordante, asphyxiante, comme un millier de tisonniers chauffés à blanc mais rien ne vient. Tu es seule à présent, « …. » est parti, Ils l'ont pris tu sens ton cœur saigner physiquement comme moralement. Tu l'appelles mais personne ne répond à part les cris lointains des autres âmes damnées. Tu ne comprends pas...Tu craques lorsqu'un démon arrive près te toi. Tu vas dire stop pour devenir comme eux. Mais tu revois le visage de ta sœur, de ta mère et de ton père. Non, tu ne diras pas oui. Alors que le démon est au dessus de toi pour entendre ton oui, tu le repousse avec toute la force qu'il te reste, ils te mettent alors à Terre et te torture comme jamais. Comment cela peut il être encore pire...c'est humainement impossible, mais plus rien n'est humain ici...en bas. Ta haine est présente, ton humanité, elle s'envole. Tu le sens...bientôt tu vas craquer tu le sais....Tu es seule...

De nouveau ton corps, tu tourne ta tête pour voir « ….. », mais il n'est pas là. Tu te lève comme tous les jours et cette fois tu vas au bord du gouffre, peut être dois tu sauter, peut être pas. Soudain au moment de franchir le pas, une main te retient, la sienne. Il te serre contre lui, comme chaque jour depuis...de si nombreuses années...tu ne les comptes plus, lui non plus. Son regard est toujours le même, pourtant ampli de douleur. Cette nuit là personne ne vient à eux pour leur demander quelque chose, aucun démon ne vient les torturer. Cette nuit là, si « …. » et « ….. » avaient eu un corps, on aurait pu dire qu'ils ne firent qu'un.

Mais au réveille de « ….. », « …. » n'était plus là, mais les démons eux étaient revenus. Jour après jour...elle vivait le tourment seule et la lutte se faisait de plus en plus difficile. Parfois « … » venait et plus rien de mauvais ne lui arrivait. Elle n'osait pas lui demander ce qu'il avait fait pour cela. Elle se doutait, mais jamais, il ne lui demanda de le rejoindre de l'autre côté. Et au fur et mesure que « ….3 perdait de son humanité et de son âme torturée, « …. » lui devenait un autre, non plus lui, mais un démon, jusqu'à ce que son apparence vienne même a changer. Ce jour là, elle se refusa à lui et ce ne fut de la paix qu'elle obtenu, mais des souffrances plus dures et plus atroces que jamais. Sans relâche, sans pause...A la fin, elle ne savait plus qui elle était et le jour où elle entendit les démons hurler de douleurs, elle compris que quelque chose de bon arrivait, ce fut la dernière fois qu'elle vit « …. », à la suite de ça, plus rien ne se passa. Elle fut emmenée dans un lieu étrange où les âmes torturées et vides résidaient. Elle était brisée, elle n'était plus rien, ni personne...et dans un dernier espoir pour sa survie, elle prononça clair et fort. "OUI".....