Ce matin j'avais beaucoup de mal. Je tournais au ralenti. Il faut bien avouer que vu la fête d'hier soir, ça n'est pas trop surprenant. Je m'en doutais même beaucoup. J'avais comme bien trop souvent profité un maximum de cette soirée. Dragué et bien sûr fait ma langue de vipère hé oui pourquoi changer. Je suis très bien comme ça n'est ce pas? J'émergeais assez difficilement. A côté de moi, sur le lit d'en face, Svetlana était encore endormie. Je souris, oh la la la qu'est ce que je donnerais pour pouvoir dormir comme elle. Je regardais mon réveil. Non il était déjà 10h moi qui avait cours à 8h. Non mais quelle idée de faire des cours aussi tôt!? Je me levais bon avec un peu de chance je pourrais aller aux autres cours. Plus qu'ensommeillée je me lève et passe sous la douche. Une bonne douche bien chaude, rien de plus agréable pour se réveiller. Ou pas en fait parce que j'ai du coup passé une bonne vingtaine de minutes sous l'eau. Et j'étais encore plus en retard. Bon bah … autant ne plus se presser.

Trainant des pieds et dans la chambre en serviette je me mis à ranger un petit peu. Bah oui ça serait un peu utile de temps en temps. Je n'étais pas une maniaque du ménage, loin de là même. Mais il y avait des limites et elles étaient franchies. Grommelant en ramassant les habits et les mettant dans la panière à linge sale je soupirais. Pourquoi est ce qu'il fallait faire le ménage. Pourquoi il n'y avait pas un moyen de claquer des doigts et que ça soit fait directement … Puis en rangeant je trouvais une chose qui me fit sourire. Notre journal de ragots avec Svetlana. Il était très vieux, et depuis longtemps nous n'y écrivions plus. Mais il était toujours agréable de le relire. Et de voir nos exploits. Seulement on n'est pas non plus suicidaires, on n'y mettait que les ragots … racontables. Jamais on ne parlerait de ce cher monsieur Smith. Pas folle la guêpe.

M'asseyant sur le rebord de mon lit, la chambre toujours un peu en bordel je le feuilletais en souriant. Puis je tombais sur une photo de Louann. Arf … je soupirais. Voilà pourquoi je ne devrais pas m'attacher aux gens. Je n'avais pas été délicate, et avais malencontreusement révélé quelque chose sur laquelle elle était sensible. Je sais que je n'aurais pas du. Mais il n'était pas dans mon caractère de m'excuser. J'aurais aimé le faire, mais je ne savais pas comment le faire. Alors j'avais laissé les choses couler entre nous. Et c'est dommage parce qu'ensemble on était … ah c'était vraiment la bonne époque. Hé oui j'étais stupide j'aurais du aller la voir et lui expliquer. Mais avouer que ça me faisait mal il en était hors de question!

Secouant la tête je posais le livre sur mon bureau et soupirais. Lana dormait toujours. La chanceuse! Bon aller autant se préparer. Retirant la serviette qui cachait mon corps, je me mis devant mon armoire. Que mettre aujourd'hui. Après quelques -longues- minutes d'hésitations j'optais finalement pour une jupe crayon rose, des collants et résille et un débardeur dos nu beige. Mon ventre commençait à gargouiller. Bon hé bien … mettons nous en route.

J'entrais dans la cafétéria un sourire aux lèvres. Quelques personnes venaient me voir pour me parler de la fête d'hier et je parlais avec eux doucement en souriant, me remémorant les moments forts de la soirée. Je les accompagnais prenant un plateau et choisis de prendre du riz collant avec des nems. J'étais une grande fan de nourriture asiatique de toute sorte. Prenant un grand verre de coca je souris aux personnes m'accompagnant. C'est jamais bien difficile de trouver quelqu'un ici pour ne pas manger seul. Mais tout d'un coup nous nous arrêtions dans notre trajet vers une table puisqu'une furie fonçait vers nous et me désignant du doigt s'adressait à moi. Je n'eut pas de mal a reconnaître Louann. Je restais sans rien dire quelques secondes. La revoir me provoquait un pincement au cœur, mais je ne pouvais pas. Pour mon égo, ne rien dire.

Un sourire mauvais et ironique aux lèvres je rétorquais d'un ton froid « Ravie moi aussi de te revoir Louann. » je haussais les épaules et marchant vers quelques tables un peu plus loin je rétorquais « Hé bien vois tu j'en suis sortie. Pour bonne conduite » je me mis à rire doucement. C'était vraiment improbable mais passons.

Je la regardais et j'était partagée entre l'envie de laisser mon plateau tomber et la prendre dans mes bras tellement elle m'avais manqué ou bien continuer à la toiser et déblatérer pour rien comme nous le faisions déjà. Finalement la deuxième solution était la meilleure. Je ne pouvais pas me le permettre. Je savais qu'elle ne me le pardonnerait jamais. Il n'y avait aucune chance pour qu'elle le fasse. Et puis, je n'étais pas une personne qui faisais des excuses. Ça ne faisait juste pas facile pour moi de reconnaître mes erreurs. Et j'en faisais, mais … avec un égo comme le mien.

Je la regardais elle n'avais pas beaucoup changé. Elle avait toujours son joli visage, il était peut être un peu plus durci, comme si elle avait vécu des choses, mais ça ne me regardait pas. Elle avait l'air d'avoir tout de même bien vécu depuis notre dispute. Ses yeux surtout avant brillants de malice me fixaient avec colère. Bon je l'avais certes un petit peu cherché. Mais quand même. Moi je n'étais pas en colère. Je me contentais de l'écouter parler. Bonne conduite et moi allaient pas vraiment ensemble dans la même phrase, mais je l'avait tout de même formulé. Elle s'approchait de moi et j'arquais un sourcil me demandant ce qu'elle voulait faire. J'eus un mouvement de recul afin de pouvoir me protéger si jamais elle voulait tenter quelque chose.

Je me mis à rire doucement. « C'est pas comme s'il n'en était pas de même pour les Louann Molesworth de ce monde! » les filles autour de moi se demandaient d'où je connaissais Louann. Oh elles n'avaient pas besoin de le savoir. Et puis ça ne les regardait pas. Elles se regardaient entre elles, et je les entendais chuchoter mais je ne m'en préoccupais pas, que ça fasse jaser, tant mieux j'aimais les ragots et ce que j'aimais encore plus c'était bien d'en être le centre. Qu'ils soient avérés ou pas. « Aussi invraisemblable que ça puisse te paraitre Lou, je suis ici pour étudier. Après s'il y a des gens à trahir pourquoi pas, je suis toujours partante. » je souris légèrement « Et pour ce qui est des secrets révélés, je l'ai fait une fois, j'aime être originale tu me connais alors je ne le referais pas, ça sert à rien d'être répétitif ». Cette phrase était bien entendu à double sens. Il était vrai que je ne faisais pas les mêmes choses plusieurs fois, et puis également quelque part je lui disais que je ne le referais pas non plus … mais elle semblait beaucoup trop aveuglée par sa colère pour le comprendre. Et moi … même si ça me faisait mal au cœur, je ne ferai pas le premier pas.

Je n'en revenais pas. Comment est ce que la fille en face de moi pouvait être la même avec qui j'avais passé de si bons moments. Cette fille que j'adorais, avec qui je faisais des folies. Qui était un peu comme un deuxième sœur. Celle avec qui j'ai tant partagé. Et qui maintenant me regardais comme une moins que rien. Et je ne savais pas de quoi elle était capable. Elle avait très bien pu changer depuis ces années. Et la connaissant et sachant que nous étions assez semblables. Sachant de quoi j'étais moi même capable … ça ne me rassurait pas. Je souris doucement quand elle me déclara marquer un point.

Je voyais qu'elle essayait de savoir un petit peu ce que mes amies disaient. Oh rien de bien important. Rien qui ne soit utile en tout cas. Mais je ne dis rien. Oui je faisais des études. Oh oui bien sûr venant d'une fille comme moi ça pouvait sembler étrange, mais j'aimais plutôt bien ça. Tant que c'était possible je resterais donc là. Elle l'avait encore en travers de la gorge. Oui je pouvais le comprendre mais bon. Je ne ferais pas d'excuses c'était pas du tout mon genre. Je n'aimais pas ça je n'en faisais pas, je n'en avais jamais faire par question de commencer maintenant. Je haussais les épaules. Je n'avais pas envie de m'énerver contre elle. Ou du moins j'en avais envie mais pas pour les même raisons. J'avais envie de la prendre pas les épaules et de la secouer pour qu'elle réalise que je m'en voulait. En fait je pense que si elle me connaissais autant qu'elle l'avait prétendu elle aurait compris que je n'avais pas révélé son secret intentionnellement. Elle me connaissait bon dieu!! Ou alors pas autant que je ne le voudrait.

Elle se retournait puis me lançait par dessus son épaule « L’originalité … Tu es tout, sauf originale ma chère ! » un grand sourire barra mon visage. Oh elle pensait ça. Hé bien … on allait bien s'amuser dans ce cas la. Je marchais avec mon plateau doucement derrière elle, comme si je voulais la rattraper. Je posais mon plateau en face d'elle mais ne m'assis pas pour le moment. Je la regardais un sourire aux lèvres. « Et tu te crois originale toi Louann peut être? » un sourire toujours aux lèvres je me penchais sur mon plateau et d'un geste vif pris mon assiette de riz collant sur lequel j'avais mi la sauce soja bien odorante mais délicieuse et l'écrasa dans les cheveux de Louann. Le me reculais rapidement de quelques pas m'attendant à des représailles. « Laisse moi être originale alors. »

Je venais de déclarer les hostilités je le savais bien. Et la seule chose que j'avais envie c'était de rire. De la prendre dans mes bras. Parce que … c'était le genre de conneries que nous faisions entre nous … avant tout ça. Et c'était une époque qui me manquait. Je … elle me manquait tout le temps. Lana c'était pas pareil du tout. Lana c'était ma sœur, ma jumelle. Mais Lou … oui Lou c'était tout autre chose. Lou c'était mon âme sœur! Même si pour le moment on ne le dirait pas. Elle était mon amie, et le serait toujours. C'était pas possible autrement. La salle en entier se tut. On pouvait entendre une mouche voler. Réellement. Et puis les gens se regardaient. Certains m'avaient reconnus et j'en entendis certains murmurer mon prénom et des choses comme « ça ne pouvait être qu'elle » je souris. Celles qui venaient de dire ça étaient des petites filles à papa, propres sur elles sans un pli et certainement premières de promo. Si j'avais eu encore du riz elles en auraient bien reçu tiens.

Tout à fait prête à ce que Lou réplique – ce qui ne tardait pas – je me baissais comme je l'avais prévu et au lieu que ça soit moi qui reçoive son assiette dans le visage ça fut un de ces gros bras à la table de derrière. La c'en était trop. Je ne pus pas m'empêcher d'éclater de rire. La situation était tellement comique. Et je le sentais. Ça allait dégénérer, c'était obligé. Ça commençait toujours comme ça. Et croyez moi des batailles de bouffes j'en ai tellement lancées. Et terminées également! Je voyais la scène au ralenti. Le quarterback – je supposais que s'en était un – se levait après avoir tapé du poing et prenais son assiette. Bien sûr je n'avais pas capté que Lou avait pris l'assiette de spaghetti de sa voisine et voilà que je me retrouvais une belle boulette parmi les spaghetti. Et je n'arrivais toujours pas à m'arrêter de rire à gorge déployée. Que c'était agréable. Il n'y avait qu'avec Lou que je pouvais faire ça.

« To … » j'allais répondre mais je sentis une assiette atteindre mon dos. Ouch. Bon ça va ça faisait pas non plus trop mal mais je m'y attendais vraiment pas. En plus j'avais un débardeur dos nus, je sentais donc la nourriture me coller à la peau et dégouliner dans mon dos et sur mon pantalon. Je me mis à rire de plus belle. Et encore plus quand je vis Louann jeter le pichet d'eau. J'avais l'impression de la retrouver. En quelques secondes, cette simple image. Louann jetant de l'eau sur celui qui venait de me ruiner mon dos. Oh lui … il ne rigolerai pas longtemps. Je regardais Lou et l'espace d'une seconde je ne sais pas ce qui me prit mais je lui fit un clin d'œil.

Autour de nous tout le monde était en ébullition. Les insultes et même la nourriture fusait de partout! Quand Louann fut douchée par des verres de Soda et qu'elle se défendait tout de suite je me précipitais sur les trois filles en hurlant.

« Vous refaites ça mes jolies et attention à votre réputation demain! Personne ne touche Louann! » pourquoi ce soudain élan de protection. Parce que je ne supportais pas de voir Lou en mauvaise position qui ne soit pas causée par moi. « A part moi! » Suivant l'interjection de Lou je faisais comme elle disait sans même y penser. C'était comme si … c'était comme au bon vieux temps … sauf que …

« Allez Lou t'endors pas! » je la regardais en souriant « Elles doivent payer les Garces! » j'avancais vers elle l'air menaçant sans pourtant avoir de nourriture dans les mains mais ça n'avait pas d'importance. Jetant un regard sur le côté j'avisais un plat de riz collant encore. Une aubaine! Je le pris et piochant dedans avec ma main je leur en lançais dessus. Je tendis aussi le plat à Lou pour qu'elle se joigne à moi.

Mais voilà. Le crime ne reste jamais impuni et voilà que la sécurité du campus venait de faire son entrée. Je fis volte face pour les regarder. Merde. Ni une ni deux je saisis la main de Louann, lâchais le plat qui vint se briser au sol et profitant du chaos général je sortis à la hâte en serrant la main de mon amie contre moi. Nous courrions dans les couloirs et nous cachèrent dans une salle vide. Essoufflées. En nage mais en pleine crise de rire le tableau était vraiment comique.

Je la regardais puis j'eut le déclic. Bon. Pour la première fois de ma vie. Pour la dernière également je prendrais sur moi. Je piétinerais mon égo. Mais c'était pour elle. « Je suis désolée pour tes cheveux Lou. Je suis désolée pour tout! »

C'était assez étrange. J'avais été l'instigatrice de ce bordel, un de mes plus beau sans me vanter! Et voilà maintenant que je fuyais la police du campus hors d'haleine avec mon ancienne meilleure amie, mon ancienne sœur de coeur. Bizarre. Oui Bizarre. Mais à la fois aussi tellement agréable. La retrouver était un plaisir. Et je ne pensais pas aux ombres qui se trouvaient toujours dans ce tableau. Par ma faute. Nous nous réfugions dans une salle de classe vide. Cela dit il faudra bientôt en partir parce que les morceaux de nourritures que nous avions semés – sans faire exprès – sur la route nous donne le rôle de petits poucets modernes.

Mortes de rires, pliées en deux, nous étions très belles à voir! Et puis vint ce moment le premier de mon existence, et le dernier aussi. Ou je m'excusais auprès d'elle. Elle serait celle qui aurait la primeur d'avoir les excuses d'Honorata Baker et pourrait se vanter d'être cette personne. Mais mon amie me manque trop. Son rire, ses confidences, les miennes. Et maintenant que je l'ai revue … je ne pourrais pas faire semblant qu'elle ne me manque pas si je la recroisais, non ça serait bien trop dur. Et trop invivable. Alors je m'excusais, pour tout. Ce que j'avais pu lui faire. Ce mal qu'elle avait du ressentir par ma trahison. Je m'en voulais tellement. Mon regard doux posé sur elle je vois les larmes couler sur ses joues mais je ne suis pas sûre d'avoir le droit d'aller la prendre dans mes bras et sécher ses larmes. Est ce que je le peux encore vraiment? Elle essuya ses larmes en silence et je ne relevais pas le fait qu'elle se disait ridicule. Non elle ne l'était pas et elle n'avait pas besoin de moi pour s'en rendre compte. Je restais silencieuse, calme et honnête. Oui je m'en voulais d'avoir détruit notre amitié. Quand une nouvelle salve de larmes s'empara des joues de mon amie je m'approchais d'elle et du revers de ma main j'essuyais ses larmes.

« Bien sûr que je suis sincère. Tu me connais, m'arracher des excuses n'est pas aisé, alors si j'en fais je le pense et la personne qui les reçoit les mérites. Je suis désolée pour tout Lou! »

Elle me tombe dans les bras à son tour et je suis heureuse de la retrouver en fait elle n'a pas changé et je n'ai pas changé non plus. On … est juste aussi têtues l'une que l'autre. « Tu m'as tellement manqué toi aussi. » je passais mon bras dans son dos pour essayer de la calmer et pour aussi la rassurer, lui montrer que je suis là et que je le partirais plus! « Si tu savais comme j'en ai souffert. J'ai été égoïste, je n'ai pensé qu'a moi et puis j'avais tellement honte de ce que j'avais fait. »

La relâchant de mon emprise je vins m'asseoir à côté d'elle posant ma tête sur son épaule. « Tu m'as tellement manqué Lou! »